TEXTES DES CHANSONS du cahier de Frédéric MALLET

Les chansons sont classées dans l'ordre alphabétique
(Les mentions rajoutées en bas de pages par Frédéric MALLET  ne sont donc pas ici dans
l'ordre chronologique du cahier)

Les fautes d'orthographe sont en principe corrigées.

La ponctuation est ajoutée librement,

Les mots soulignés sont une suggestion personnelle, suit entre parenthèses le texte suspect lu
dans le cahier (Mots illisibles, vers absent, pied manquant, défaut de rime, absence de sens...)
Puissent les auteurs me pardonner cette audace !

 
d.gil.malletdany@gmail.com   (pour m'écrire supprimez les 4 lettres dany dans cette adresse)

Ah! que c'est gentil

(1er couplet)
Pour l’homme et pour la femme
Il n’est q'un doux plaisir,
Lorsque le corps et l’âme
Sont brûlants de désir.
Il faut que l’on s’enlace
Tout en se caressant,
Il faut que l’on s’embrasse
Tout en se répétant :

(refrain)
Ah ! que c’est gentil
Lorsqu’on se dit
Tout bas : je t’aime,
Et que pour l’amour
La nuit, le jour
On vit de même.
Ah ! ce n’est qu’à deux
Qu’on est heureux,
Tendresse extrême,
Le cœur est joyeux
Lorsque l’on s’aime.

(2ème couplet)
La lèvre sur la lèvre
Et la main sur le cœur
On appelle la fièvre,
La fièvre du bonheur.
C’est le charmant délire

Où l’on se pâme à deux
En ne cessant de dire
Ces mots doux et joyeux :

(3ème couplet)
Un bébé vient de naître,
On est fous de bonheur.
Il demande peut-être
Une petite sœur,
La chose est naturelle,
Et pour le contenter
On se met de plus belle
Tendrement à chanter :

(4ème couplet)
Pendant notre jeunesse
Sachons donc profiter
De l’amoureuse ivresse
Qu’on ne peut trop goûter.
Car plus tard c’est trop bête
De vouloir y penser
Quand on baisse la tête
Lorsque l’on veut chanter :


liste des chansons

Aimer c'est pleurer

(1er couplet)
Il pleuvait à torrents,
Sous sa porte en rentrant
Il la vit s’abritant sans rien dire,
Et de suite elle sut le séduire
D’un sourire.
Il lui dit doucement :
Montez donc un instant,
Et comme elle acceptait, peu farouche,
En montant l’escalier,
Il lui prit un baiser,
Un baiser sur la bouche.

(refrain)
De quoi rêver si ce n’est à l’amour
Il nous prend, nous retient, nous enchaîne.
Pour de beaux yeux que l’on rencontre un jour,
Que d’ennuis, de chagrins, que de peines.
Etourdiment,
Pour un léger serment
Nous brisons notre vie en une heure.
On échange un baiser,
Pour rire, pour s’amuser
Et l’on pleure.


(2ème couplet)
Elle resta chez lui
Bien des jours et des nuits.
Il l’aima comme nulle autre femme,
Elle fut la jeunesse et la flamme
De son âme.
Et puis il se lassa
De l’avoir toujours là.
Un beau soir, il le lui fit comprendre,
Et le cher escalier
Si gentiment monté,
Fut bien dur à descendre.


(3ème couplet)
La pauvrette partit
Et lui se repentit
D’avoir ainsi meurtri sa tendresse,
Mais en vain il chercha sans cesse
Sa maîtresse.
Car elle est morte un  jour,
De misère et d’amour,
Revoyant dans sa lente agonie,
Le petit escalier
Où s’était décidé
Le malheur de sa vie.



liste des chansons

Les allobroges *

(1er couplet)
Je te salue ô,  terre hospitalière
Ou le malheur trouva protection.
D’un peuple libre, arborant la bannière
Je viens fêter la constitution.
Proscrit, hélas, un moment de la France
J’ai pu passer chez vous des jours bien doux.
Mais au foyer a relui l’espérance
Et maintenant (bis) je suis fière de vous.

(refrain)
Allobroges vaillants, dans vos vertes campagnes
Accordez-moi toujours asile et sûreté
Car j’aime à respirer l’air pur de vos montagnes
Je suis la liberté, la liberté.

(2ème couplet)
Au cri d’appel des peuples en alarme
J’ai répondu par un cri de réveil,
Sourds à ma voix, ces esclaves sans armes
Restèrent tous dans un profond sommeil.
Relève-toi ma Pologne héroïque
Car pour t’aider je m’avance à grands pas,
Secoue enfin ton sommeil léthargique.
Et sois en sûr (bis) tu ne périras pas.

(3ème couplet)
Déjà j’ai fait, au beau pays de France,
Sur les sillons, briller mon arc-en-ciel.
J’ai déjà fait pour ton indépendance
Le premier pas. Pays béni du ciel
Ecoute bien mes leçons salutaires,
Aies confiance en ta grande cité,
Relève donc les grands mots de tes frères :
Fraternité (bis) Amour. Egalité.

(4ème couplet)
Un mot d’amour à la belle Italie,
Alsaciens vers vous je reviendrai,
Un mot d’amour au peuple qui supplie,
Forte avec tous, et je triompherai.
En attendant le jour de délivrance
Priant les dieux d’écarter les courroux
Pour faire luire un rayon d’espérance,
Bons savoisiens, je resterai chez vous.

(5ème couplet)
Chez les humains, toujours je fais ma ronde
Mon but unique est de tous les unir
J’espère bien faire le tour du monde
Et triompher dans un prompt avenir.
Je veux raser ces murailles altières
Qui des tyrans abritent les courroux.
Je veux un jour voir tomber les frontières
La terre doit (bis) être libre pour tous

suit la mention:
Faite à Clermont Ferrand le 21octobre1908
  par Mallet Frédéric encore 1400 gamelles et la fuite.

* Allobroges


liste des chansons

Amour d'avril

(1er couplet)
Avril verdit dans les buissons,
Déjà voici les papillons
Et les oiseaux joyeux
Chantent l’hymne des amoureux.
Que je vous redise tout bas
Combien je vous trouve jolie,
C’est le doux moment des folies
Allons commencer nos ébats.

(refrain)
Allons tous les deux
Lutiner sous les branches,
De marguerites blanches
Je veux parer vos cheveux.
L’amour fait son nid
Parmi les fleurs écloses,
Un ange nous sourit
C’est avril aux doigts roses.

(2ème couplet)
Ici sur ce même sentier
Vous fîtes au printemps dernier
Les timides aveux
Qui devaient combler tous mes vœux.
Bien grand fut mon bonheur
On en ferait tout un poème.
Redites-moi ce doux mot : « je t’aime »
Ce mot qui me grise le cœur.

(3ème couplet)
Voyez, notre bon vieux soleil
Au bois donne l’éclat vermeil.
Le cœur a des soupirs
Tout rempli de brûlants désirs.
Le ruisseau murmure tout bas
Sa chanson pleine d’espérance.
L’amour a montré sa puissance,
Cupidon dirige nos pas.



liste des chansons

Amours d'oiseaux

(1er couplet)
Un joli petit rossignol,
Par une nuit de clair de lune
Vers le bois voisin prit son vol
En quête de bonne fortune.
Lorsqu’arrivé près d’un buisson,
Où s’abritait une fauvette,
Et pour séduire la coquette
Vite il commença sa chanson.

(refrain)
O fauvette,
Je suis un rossignol,
Vers toi j’ai pris mon vol.
Et si tu veux coquette,
Plein d’ivresse et d’amour,
Dans ta verte chambrette
Nous attendrons le jour,
O gentille fauvette.

(2ème couplet)
Pour toi j’ai quitté ma maison
Un vieux chêne à large envergure
Où la nuit ma voix sans raison
Envoie au ciel sa note pure.
Tous deux d’hier nous sommes nés
Et nos cœurs ont soif de caresses,
Nous pourrons goûter les ivresses
Des cœurs librement enchaînés.

(3ème couplet)
En entendant ces doux aveux
La fauvette ayant le cœur tendre
Lui dit : « Entrez bel amoureux,
A quoi bon vouloir me défendre».
Et voilà sous les verts rameaux
Comment les oiseaux sans notaire,
Sans écharpe et discours du maire
S’unirent avec ces seuls mots.


liste des chansons

L'amour malin

Une ébauche de répertoire des chansons,
probablement de la main de Lisette" la fille de F. MALLET,
donne à penser que la chanson " l'amour malin"
figurait aux premières page manquantes du cahier.

°°°°°°°°°°°°°°°°

(refrain)
L'amour est un p'tit gamin
libertin et malin
Qui ne veut pas qu'on l'embête
Et l'on s'dit chaque fois qu'il vous fait perdr' la tête
C'est l'amour qu'est caus' de ça
L'célérat mais voilà
Si par la f'nêtre on le jette
Soyez sûrs que bientôt par la porte il r'viendra

(1er couplet)
Quand vient la saison des cerises
Les jeun's fill's de seize ans
S'éloignent des amants
Ell's ont peur de fair' des bêtises
Et veulent reculer
Pour mieux sauter

(2ème couplet)
A la porte d'un' garçonnière
L'mari crie : ouvrez donc !
Madam' fil' sur l'balcon
Après l'départ du commissaire
Ell' vient se recoucher
Pour s'réchauffer

(3ème couplet)
Les seigneurs par une ceinture
Fermée à double tour
Croyaient chasser l'Amour
Leurs femm's pour forcer la serrure
Prenaient un amant d'coeur
Cambrioleur

(4ème couplet)
Gardez votre or dit l'ouvrière
Au vieux monsieur cossu
Qui lui d'mand' sa vertu.
Quèqu' temps après un militaire
Obtient ce p'tit bijou
Pour rien du tout.

(5ème couplet)
Pour qu'son fils n'ait pas d'amourettes
La maman sans broncher
L'empêch' de découcher.
Mais la nuit la bonn' qu'est pas bête
Pour qu'il ne découch' pas
S'gliss' dans les draps

(6ème couplet)
De nos jours plus d'une princesse
Eloignant les soupçons
Refuse à son barbon
De s'prom'ner avec la noblesse,
Car chaqu' soir son cocher
La fait marcher.


liste des chansons

Après la rupture

(1er couplet)
Et quoi, Ninon, tu viens à ma rencontre,
Tu veux parler à ton ancien amant,
Et ton minois très décidé se montre
Illuminé d’un sourire charmant.
Un an déjà, depuis notre rupture,
S’est écoulé, nous n’en sommes pas morts,
Mais soyons francs, cette étrange aventure
Nous a laissé le cœur plein de remords.

(refrain)
Pourquoi briser deux cœurs à la légère,
Si tôt ou tard on doit le regretter,
J’ai conservé cette illusion chère                   }
Que nous n’aurions jamais dû nous quitter.}  bis

(2ème couplet)
Tu m’accusais de te tromper, méchante,
Moi je croyais quelque infidélité,
En proie au doute qui désenchante,
On est parti chacun de son côté.
Pendant longtemps, Ninon, je te l’assure,
J’ai bien pleuré mais un jour, Dieu merci,
Baume d’amour qui panse ma blessure,
Quelqu’un m’apprit que tu pleurais aussi.

(3ème couplet)
L’oubli, vois-tu, c’est le maître du monde
Il vient à bout des plus longs désespoirs.
Tu pris un blond, moi je pris une blonde.
Mais j’ai souvent regretté tes yeux noirs,
Puis bien des fois j’ai contrarié Rose
                       ??? en l'appelant Ninon. (vers manquant)
Mon remplaçant bien des nuits fut morose,
Quand tendrement tu lui donnas mon nom.

(4ème couplet)
Toujours jolie et toujours captivante,
Tu viens à moi, je me sens défaillir,
Tu m’apparais comme une fleur vivante
Et mon amour m’invite à te cueillir.
Suivant tes pas, je te prends par la taille
A ton logis bientôt je suis rendu,
Là dans tes bras, sans la moindre bataille,
J’ai retrouvé mon paradis perdu.

(dernier refrain)
Pourquoi briser deux cœurs à la légère,
Si tôt ou tard on doit le regretter,
Aimons-donc,
aimons-nous bien ma chère  }
       Car nous n’aurions jamais dû nous quitter. } bis


liste des chansons

Aubade à l'aimée

(1er couplet)

En jouant de ma mandoline
Lorsque je chante mon amour,
J’entends la voix tendre et câline
Du pinson, ce gai troubadour.
Cet oiseau joyeux et moqueur
Accompagne ma sérénade
Et vers toi s’en va ma balade
Que je redis avec bonheur.

(refrain)
Allons donc au clair de lune
Au fond des bois silencieux,
C’est l’amour qui cherche fortune
Sous la voûte étoilée des cieux.
Voici l’heure de nous aimer,
Profitons de la douce brume,
Dans tes bras je voudrais rêver
Au clair de lune.

(2ème couplet)
C’est pour te plaire, mon idole,
Que j’ai mis mes jolis atours,
C’est vers toi que mon cœur s’envole
Débordant d’espoir et d’amour.
Si tu veux mon cher amoureux
Entre tes bras toute tremblante,
Ecoutant ta voix caressante,
Mon songe sera radieux.

(3ème couplet)
Que sur un doux lit de pervenches
Lorsque tout est silencieux
Dans mon âme ton cœur s’épanche
En un élan mystérieux.
Jure de m’aimer tendrement,
Moi je fais la promesse
De me donner avec ivresse
Dans un suprême enlacement.


liste des chansons

Au revoir et merci

(1er couplet)
Soit en visite, soit en affaire,
Ce qui fait fureur dans tout Paris,
L’expression vraiment populaire
C’est toujours :  Au revoir et merci.
Ainsi chez une petite dame
Arrive joyeux,
Très amoureux
Un monsieur qui dépeint sa flamme
Le reconduisant,
La belle dit gentiment :

(refrain évolutif)
Au revoir et merci, merci, merci,
De votre visite
Je vous félicite
Au revoir et merci, merci, merci,
Vous êtes content, moi aussi
Au revoir et merci.

(2ème couplet)
Afin d’être désagréable
A son voisin, un homme marié
Disait : Ah ! C’est épouvantable
Cher Monsieur, vous êtes cocufié,
Je vous demande pardon de vous faire de la peine
Oui c’est honteux,
C’est scandaleux,
Vous l’êtes et vous n’avez pas de veine.
Mais le cornard
Reprit d’un ton goguenard :

(2ème refrain)
Au revoir et merci, merci, merci,
Votre femme que j’aime
Me quitte à l’instant même.
Au revoir et merci, merci, merci,
Vous l’êtes autant que je le suis,
Au revoir et merci.

(3ème couplet)
En sortant du congrès de Versailles,
Le nouvel élu, le cœur content
Disait : Maintenant il faut que j’aille
Rendre visite au Président.
Ce fut une entrevue bien sage
Egalité ...
 
Fraternité ...
Après les compliments d’usage
Le président
Dit à son remplaçant :

(3ème refrain)
Au revoir et merci, merci, merci,
Ne vous faites pas de bile
Faites donc comme Mimille.
Au revoir et merci, merci, merci,
Je viens de faire sept ans ça me suffit
Au revoir et merci.

(4ème couplet)
Ne soyons pas trop « je m’en foutistes »
L’excès en tout est un abus.
Ecoutez nos bons anarchistes
Disant : L’armée il n’en faut plus,
Plus de service, plus de frontières,
Accord parfait…
Congrès de la paix,
C’est fait tous les peuples sont frères.
Faut désarmer,
Plus de guerres, on va s’aimer.

(4ème refrain)
Au revoir et merci, merci, merci,
L’ennemie qui nous guette
Tranquillement s’apprête.
Au revoir et merci, merci, merci,
Pour la paix, faut de bons fusils
Au revoir et merci.
 

Suit la mention : copié à l’infirmerie,
                      encore 996 demain matin et la fuite


Comparé à l'interprétation de Dalbret, dans le cahier:
le nouvel élu remplace Monsieur Fallière
Le président remplace Loubet



liste des chansons

La bayadère*

(1er couplet)
Il y a des gens sur cette terre
Qui font danser l’anse du panier.
J’ai connu plus d’une rosière
Qui se fait sauter de vieux rentiers.
Yen a qui dansent pour devenir riches
D’autres qui dansent devant le buffet
Et moi la petite Mimiche,
Ne savez-vous pas ce que je fais ? 

(refrain)
Je suis la Bayadère de la rue du Caire
Et quand je fais la danse du ventre,
Le monde qui sort, le monde qui rentre,
S’écrie en cœur : cré non de non,
La petite dondon rapetipeta,
Comme elle tortille son petit fairon.

(2ème couplet)
Etant appelée dans une affaire
Au tribunal pour témoigner
Le président, un homme sévère
Me dit : veuillez donc vous nommer.
Je lui dit mon nom d’un air pudique
Et que faites-vous mon enfant ?
Ce que je fais, je lui réplique,
Je vais vous le montrer M. Président.


Bayadère = dançeuse indou

de bailar : danser,  du portugais bailhadeira : danceuse

La Valti expo universelle


liste des chansons

Bédélia

Une jeune fille de Chicago
Voulut s’en venir à Paris
Pour gagner un petit magot
En dansant les danses du pays.
Sa maman et son papa,
Son fiancé qu’était si beau,
La famille l’accompagna
Jusqu’au paquebot.
Alors lorsqu’elle partit
Tout le monde lui dit :

Bédélia !
Prends garde au faux pas
Bédélia
Ne tombe pas.
En France on est connaisseur,
Vas-y donc sans avoir peur,
Soutiens l’honneur nationnal,
Le cake-walk sans égal.
Oh ! Bédélia...  élia ... élia
Tiens haut et ferme le drapeau
Des enfants de Chicago
Bégo !

ici écourtée, la chanson comporte 3 couplets et un refrain évolutif

D'après une célèbre chanson américaine :"Bédélia"

sous-titrée : "the irish coon song serenade"

qui faisait polémique pour son caractère  éventuellement raciste


liste des chansons

Berceuse aux étoiles

(1er couplet)
La nuit, pauvres orphelins,
Que faites-vous dans la brume
Lorsque les blonds chérubins
Dorment dans leurs lits de plumes ?
Les petits ont répondu :
Nous n’avons pas de fortune,
Notre berceau fut vendu,
Notre Maman c’est la lune.

(refrain)
Pendant que les heureux, les riches et les grands
Reposent dans la soie ou dans les fines toiles
Nous autres les parias, nous autres les errants,
Nous écoutons chanter la berceuse aux étoiles.

(2ème couplet)
Dites pauvres amoureux
En cette nuit de décembre
Ne seriez-vous pas plus heureux
Près du feu dans une chambre ?
Les amoureux ont répondu  :
Qui donc paierait l’hôtelière
Le seul lit qui nous est dû
Est fait de mousse et de lierre.

(3ème  couplet)
Dites pauvres matelots,
Courageux pêcheurs d’Islande,
Regrettez-vous vos lits clos
Tout là-bas sur la mer grande ?
Les marins ont répondu :
Avant que la mer nous submerge,
Aucun lit ne nous est dû
L’océan est notre auberge.

(4ème couplet)
Dites les guetteurs du soir
Soldats, douaniers, garde côtes
Qui sans crainte et sans espoir
Veillez sur les mauvais hôtes,
Pour dissiper votre ennui,
Bercer l’esprit qui s’isole,
Qu’entendez-vous dans la nuit ?
C’est une voix qui console !


liste des chansons

Bonsoir Mam'zelle

(1er couplet)
C’était une belle fille travaillant chez un grand couturier.
C’était un garçon de vingt ans, tout jeune employé.
Et comme leurs parents par hasard étaient presque voisins
Chaque soir tous les deux s’attendaient pour faire le chemin.

(refrain)
Bonsoir Mam’zelle
Disait le garçon
A la demoiselle
Sans plus de façons.
Puis devant chez elle,
Un serrement de main,
Bonsoir Mam’zelle
Jusqu’à demain.

(2ème couplet)
Un jour il lui dit : Voilà longtemps qu’on se connait tous les deux,
Je voudrais vous demander un baiser, ça me rendrait bien heureux
Mais ( ? ) crânement la fille lui répondit comme ça :
Mes baiser, mon cher, je les réserve à l’homme qui m’épousera !

(2ème refrain)
Bonsoir Mam’zelle
Lui dit le garçon
Vous êtes cruelle,
C’est une leçon.
Sans plus en dire,
La laissant là,
Sans un sourire,
Il s’en alla.

(3ème couplet)
La petite se mit à pleurer, croyant l’avoir fâché,
Regrettant déjà de lui avoir refusé son baiser.
Elle rentrait chez elle le cœur gros, des larmes plein les yeux,
Quand devant sa porte, elle trouva le garçon tout joyeux

(3ème refrain)
Bonsoir Mam’zelle,
Dit-il, je viens
De chez vous ma belle
De demander votre main
Voici la nouvelle :
Je serai votre époux.
Maintenant Mam’zelle
Embrassons-nous.

(4ème couplet)
Mesdemoiselles voilà la morale de ma petite chanson :
Quand un jeune homme vous fera la cour, profitez de la leçon.
Quant à vous, Messieurs, si ce soir vous trouvez en chemin
Une belle qui vous plait, chantez-lui galamment mon refrain.

(4ème refrain)
Bonsoir Mam’zelle.
Et si le matin
La Demoiselle
Vous tend la main
                       Dites-lui ça : Ma belle,  ( ce malelle ?)
Je vous la serre bien,
Au revoir Mam’zelle
Je repasserai demain.

Suit la mention : « Frédéric Mallet le 23 juillet à Paris 1908

Voir le fond d’écran !


liste des chansons

Câline

(refrain)
Quand elle naquit,
Au gai retour de l’hirondelle,
Dans son petit lit
Déjà qu’elle était belle.
Déjà dans ses jolis yeux
Se reflétait l’azur des cieux.
Sa mère en la berçant
Murmurait à l’enfant
Sous le rideau blanc de mousseline :
 Endors-toi mon amour
Sommeille jusqu’au jour
Chantait sa voix câline.

(1er couplet)
Par les bois ombreux
Plus tard elle s’unit sans crainte
A un amoureux.
Dans une folle étreinte
De baisers brûlants
L’amour les grise, ils ont vingt ans.

(2ème refrain)
Et c’est un chant vainqueur
Qui fait battre le cœur,
Air tendre ou moqueur
De mandoline.
Vous l’entendrez un jour
Ce doux chant que l’amour
Dit de sa voix câline.

(2ème couplet)
Les frimas venus
Il fait bien froid dans la chambrette.
Entre ces murs nus
Que la misère guette,
Auront-ils du pain ?
C’est le secret du lendemain.

(3ème refrain)
Mais un refrain charmeur
Qui réchauffe les cœurs
Change en vrai bonheur
L’humeur chagrine.
C’est la chanson d’amour
Que chante nuit et jour
Sa voix douce et câline.


liste des chansons

Ce n'est plus Lisette

(1er couplet)
Et quoi, Lisette, est-ce vous ?
Vous en riche toilette !
Vous avec des bijoux !
Vous avec une aigrette !
Et non, non,  non,
Vous n’êtes plus Lisette
Et non, non,  non,
Ne portez plus ce nom !

(2ème couplet)
Vos pieds dans le satin
N’osent fouler l’herbette.
Des fleurs de votre teint
Où faites-vous emplette ?
Et non, non,  non,
Vous n’êtes plus Lisette
Et non, non,  non,
Ne portez plus ce nom !

(3ème couplet)
Dans un lieu décoré
De tout ce qui s’achète,
L’opulence a doré
Jusque votre chambrette.
Et non, non,  non,
Vous n’êtes plus Lisette
Et non, non,  non,
Ne portez plus ce nom !

(4ème couplet)
Votre bouche sourit
D’une façon discrète,
Vous montrez de l’esprit
Du moins on le répète.
Et non, non,  non,
Vous n’êtes plus Lisette
Et non, non,  non,
Ne portez plus ce nom !

(5ème couplet)
Comme ils sont loin ces jours
Où dans votre chambrette
La reine des amours
N’était qu’une grisette.
Et non, non,  non,
Vous n’êtes plus Lisette
Et non, non,  non,
Ne portez plus ce nom !

(6ème couplet)
Quand d’un cœur amoureux
Vous prisiez la conquête,
Vous faisiez des heureux
Et n’étiez pas coquette.
Et non, non,  non,
Vous n’êtes plus Lisette
Et non, non,  non,
Ne portez plus ce nom !

(7ème couplet)
Maîtresse d’un seigneur
Qui paya sa défaite,
De l’ombre du bonheur
Vous êtes satisfaite.
Et non, non,  non,
Vous n’êtes plus Lisette
Et non, non,  non,
Ne portez plus ce nom !

(8ème couplet)
Si l’amour est un dieu,
C’est près d’une fillette.
Adieu, Madame, adieu,
En duchesse on vous traite.
Et non, non,  non,
Vous n’êtes plus Lisette
Et non, non,  non,
Ne portez plus ce nom !


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liste des chansons

Ce n'était qu'un beau songe

(1er couplet)
Dans tes yeux malicieux
J’avais cru lire
Que tu m’aimais ; j’étais heureux
Plus qu’on peut dire.
Mais ton cœur n’a jamais battu,
Belle maîtresse,
Et j’étais fou lorsque j’ai cru
A ta tendresse.

(refrain)
Mon cœur est fermé désormais.
Ton amour n’était qu’un mensonge.
Quand je croyais que tu m’aimais
Ce n’était qu’un beau songe.

(2ème couplet)
Tu m’as aimé bien tendrement,
Mais sur mon âme,
Pendant quelques jours seulement
Dura la flamme.
J’ai savouré la passion
Vaille que vaille.
Ce n’était qu’une illusion,
Un feu de paille.

(3ème couplet)
Il n’était pourtant pas besoin,
Va je t’assure,
De chercher le bonheur plus loin,
A l’aventure.
Je t’avais donné tout le bonheur
D’une jeunesse
Qui s’étiole chaque jour
Sous ta caresse.

(4ème couplet)
Je garderais ton souvenir
Dans ma mémoire.
Pourtant tu m’as bien fait souffrir
Ne reviens plus à ce doux nid
Qui fut le notre
Car mes baisers, ange maudit,
Sont pour une autre.

Mention en bas de page : « Encore 617 jours après la soupe et la fuite chez nous »


liste des chansons

C'est ma payse

(1er couplet)
Bonjour le bleu, t’as l’air rêveur
Je vois dans ton regard comme un pleur,
Que notre métier n’est pas agréable
L’on a mauvais lit, pas bonne table,
Des tas de corvées, des punitions,
Mais tu t’y feras va, je t’en réponds.
Mais non l’ancien, si je suis tout drôle,
Ce n’est pas le métier qu’en est la cause.

(refrain)
C’est ma payse, la petite Lili,
Qu’a des grands yeux bleus si jolis,
Que je regrette.
Ce qui me fait pleurer, c’est de penser,
                      Qu’il faut renoncer aux doux baisers ( regretter)
De ma brunette.

(2ème couplet)
Bonjour le bleu, te voilà content,
C’est demain que t’es nommé sergent
Sous-officier donc, c’est quelque chose,
Les galons d’or ça en impose,
A ton tour de faire obéir
Et t’auras même le droit de punir.
Mais non l’ancien si tu me vois rire :

(2ème refrain)
C’est ma payse, la petite Lili,
Qu’a des grands yeux bleus si jolis,
Qui sera contente
                                         D’avoir un sergent comme amant (amant comme sergent)
Aussi dans le pays tout le monde va l’appelant :
La petite sergente.

(3ème couplet)
Mon capitaine, je viens pour demander
La permission faut me l’accorder.
Mais mon sergent, ce n’est pas l’époque
A moins d’un motif que l’on invoque :
Votre sœur se marie, votre frère est mort,
Ce n’est pas ça, et bien alors ?
Mon capitaine, je n’ose pas vous le dire
Mais tenez, lisez ce qu’on vient de m’écrire :

(3ème refrain)
C’est ma payse, la petite Lili,
Qu’a des grands yeux bleus si jolis,
Qui se croit coquette
Elle se fourre de la poudre sur le museau,
Elle a de belles robes, un grand chapeau,
Mais ça m’inquiète.

(4ème couplet)
Demander le crime d’un sergent,
Une femme tuée par son amant !
Criaient les camelots devant la caserne
A tout soldat que l’annonce consterne.
Quoi, dit l’un d’eux, ce serait mon copain
Qui serait devenu un assassin,
Mais il doit être question d’un autre
Mais si c’est lui ce n’est pas de sa faute :


(4ème refrain)
C’est sa payse, la petite Lili,
Qui le trompait avec ses amis,
Cette enjôleuse.
Il a vu rouge lorsque par malheur
Il apprit que celle qui avait son cœur
n'était qu'une gueuse.



C'est un oiseau qui vient de France

(1er couplet)
Un matin du printemps dernier,
Dans une bourgade lointaine,
Un petit oiseau printanier
Vint montrer son aile d’ébène.
Un enfant aux jolis yeux bleus
Aperçut la brune hirondelle
Et connaissant l’oiseau fidèle,
Le salua d’un air joyeux.

(refrain)
Les cœurs palpitaient d’espérance
Et l’enfant disait aux soldats :
Sentinelles ne tirez pas !
Sentinelles ne tirez pas !
C’est un oiseau qui vient de France.

 (2ème couplet)
La messagère du printemps
Se reposait de son voyage
Quand un vieillard aux cheveux blancs
Vint passer par le village.
Un cri joyeux poussé dans l’air
Lui fit soudain lever la tête
Et, comme aux anciens jours de fête,
Son œil brilla d’un regard fier.

(2ème refrain)
Les cœurs palpitaient d’espérance
Et le vieillard dit aux soldats :
Sentinelles ne tirez pas !
Sentinelles ne tirez pas !
C’est un oiseau qui vient de France.
               
 (3ème couplet)
Tous les matins et tous les soirs,
Epiant son retour, peut-être,
Une fillette aux rubans noirs
Apparaissait à sa fenêtre.
L’oiseau charmant vint s’y poser
En dépit des soldats en armes
Et l’enfant essuyant ses larmes
Mit sur l’aile un long baiser.

(3ème refrain)
Les coeurs palpitaient d’espérance
Et la belle dit aux soldats :
Sentinelles ne tirez pas !
Sentinelles ne tirez pas !
C’est un oiseau qui vient de France.

(4ème couplet)
Il venait de la plaine en fleurs
Et tous les yeux suivaient sa trace,
Car il portait nos trois couleurs
Qui flottaient gaiment dans l’espace.
Mais un soldat vise et fait feu,
Un long cri part et l’hirondelle,
Tout à coup refermant son aile,
Tombe, expirante, du ciel bleu.

(dernier  refrain)
Il faut au cœur une espérance
Rayon divin qui ne meurt pas,
Mais l’oiseau qui chantait là-bas,
Mais l’oiseau qui chantait là-bas,
Ne verra plus le ciel de France.

Signé : Frédéric Mallet
en 1907 à Paris chez Monsieur Rigal


liste des chansons

Chanson d'amour

(1er couplet)
Le matin chantait sous les cieux
La chanson des nouvelles choses.
Matin disait aux amoureux :
Le charme des lèvres écloses.
Matin disait aux amoureux :
Qu’il n’est pas de bonheur
Au monde pour un cœur
Sans amour.

(2ème couplet)
Dans le ciel bleu, le soleil d’or
S’épanouissait en romances,
Et partout c’était les accords
D’une lyre aux cordes immenses.
Midi vainqueur chantait encore :
Qu’il n’est pas de bonheur
Au monde pour un cœur
Sans amour.

(3ème couplet)
Le soir rêvait sous le ciel las
Aux choses bonnes de la vie,
Le mot d’amour appris tout bas,
                                  Mon cœur au tien  dit à ma mie.    (l’a dit la mamie)
Le soir rêvait sous le ciel las
Qu’il n’est pas de bonheur
Au monde pour un cœur
Sans amour.

(4ème couplet)
La nuit douce et calme pensait
A l’irréparable des choses :
A l’envoi du premier baiser,
Au parfum des dernières roses.
Ce que la nuit surtout pensait :
C’est qu’il n’est pas de bonheur
Au monde pour un cœur
Sans amour.

Mention au bas de page :
« Faite à l’infirmerie en attendant le conseil de réforme »

 

liste des chansons

La chatte

(1er couplet)
Tu réveilles ta maîtresse
Minette par tes longs cris.
Est-ce la faim qui te presse ?
Entends-tu quelques souris ?
Tu veux fuir de ma chambrette
Pour courir je ne sais où
Mia-mia-ou ! Que veut Minette ?
Mia-mia-ou ! C’est un matou.

(2ème couplet)
Pour toi je ne puis rien faire
Cesse de me caresser,
Sur ton mal l’amour m’éclaire
J’ai quinze ans, j’y dois penser,
Je gémis d’être seulette
En prison sous le verrou.
Mia-mia-ou ! Que veut Minette ?
Mia-mia-ou ! C’est un matou.

(3ème couplet)
Si ton ardeur est extrême,
Même ardeur vient me brûler,
J’ai, c’est certain, voisin qui m’aime
Et que je n’ose appeler.
Mais pourquoi sur ma couchette
Rêver à ce jeune fou ?
Mia-mia-ou ! Que veut Minette ?
Mia-mia-ou ! C’est un matou.

(4ème couplet)
C’est toi chatte libertine
Qui mets le trouble en mon sein.
Dans la mansarde voisine
Du moins réveille Valsain
C’est peu qu’il presse en cachette
Et ma main et mon genou.
Mia-mia-ou ! Que veut Minette ?
Mia-mia-ou ! C’est un matou.

(5ème couplet)
Mais je vois Valsain paraitre
Par les toits il vient ici.
Vite, ouvrons-lui la fenêtre
Toi, minette, passe aussi,
Lorsque enfin mon cœur se prête
Aux larcins de ce filou.
Mia-mia-ou ! Que ma Minette ?
Mia-mia-ou ! trouve un matou.

Suit la mention « Frédéric Mallet 1ère compagnie »



liste des chansons

Le choeur des Girondins

ou Le chant des Girondins
ou Mourir pour la patrie
ou La pochette des Girondins (dans le cahier ??)


(1er couplet)
Par la voix du canon d’alarme,
La France appelle ses enfants.
Allons, dit le soldat, aux armes !
C’est ma mère, je la défends !

(refrain)
Mourir pour la patrie (bis)
C’est le sort le plus beau, le plus digne d’envie (bis)

 (2ème couplet)
Au seul bruit de sa délivrance,
Les nations brisent leurs fers
Et le sang des fils de la France
Sert de rançon à l’univers

 (3ème couplet)
C’est à nous mère, épouse, amante
De donner, comme il plait à Dieu,
La couronne au vainqueur qui chante,
Au martyr, le baiser d’adieu.

Suit la mention : « Copiée à Clermont-Ferrand
Le 5 novembre 1908, encore 690 jours et la fuite »

Le Chant des Girondins  fut l'hymne national de la France
sous  la seconde république, de 1848 à 1852.
Il existe 6 couplets de cet hymne,
les 2ème et 3ème du cahier, ci-dessus,
seraient les 5ème et 6ème (peut-être rajoutés par un anonyme)

lire histoires de refrains

liste des chansons

Déjà

(1er couplet)
Lorsque la nuit étend son voile
Que de chagrins dans le berceau.
                               Une nuit de belles étoiles    (à quinze ans  ?)
Malgré moi rendait mon cœur gros.
Je veux m’en aller jouer sur le sable
Lorsque mon frère me dit : Holà !
 Dodo fillette le marchand de sable.
 Déjà ! déjà ! déjà !

(2ème couplet)
Mais à quinze ans je devins rêveuse,
Je quittais balles et cerceaux,
Je n’étais plus aussi rieuse,
J’écoutais chanter les oiseaux.
Pourtant un soir, mon âme inquiète,
Grand Dieu comment ça battait là.
Papa me dit en hochant la tête :
Déjà ! déjà ! déjà

(3ème couplet)
Le jour de notre mariage,
Lorsqu’on apporta les desserts,
Tous les garçons faisaient tapage,
Pour danser enlevaient les couverts.
Je m’en donnais comme on le pense
Lorsque ma mère me dit enfin :
Fillette quittons la danse.
Déjà ! déjà ! déjà

(4ème couplet)
Alors je fondis en larmes
Lorsque ma mère me dit bonsoir
J’avais le cœur rempli d’alarmes
Je croyais ne plus la revoir.
La nuit se passa comme un rêve
Lorsque mon époux m’éveilla
Me dit : Anna le jour se lève,
Déjà ! déjà ! déjà


liste des chansons

Le départ des bleus

(1er couplet)
Allons conscrits, voici le moment,
En avant, prend vivement ta place
Parmi tous les bleus de la classe
Et rejoint ton beau régiment.
Des conscrits, crédié ! ça fourmille,
Ce qu’ils font du chambard les bleus.
Pourtant ce matin dans la famille,
Plus d’un disait les larmes aux yeux :

(refrain)
Au revoir Maman, adieu Papa,
Votre garçon part à la caserne,
Embrassons-nous puisque je m’en vais
Porter le fusil et la giberne.
Au revoir Maman, adieu Papa,
Dans vos cœurs gardez-moi ma place,
Je suis de la classe.

(2ème couplet)
Clairon sonnant, tambour battant,
Avec entrain, la classe défile,
Les chansons emplissant la ville.
Tout est heureux, tout est content.
Mais il faut partir car le temps passe,
On entend déjà siffler le train,
Alors le conscrit à voix basse
Aux parents dit avec chagrin :

(3ème couplet)
Les bleus se disent avec fierté
A ce jeu-là personne ne triche
Le petit, le grand, le pauvre, le riche
Sont soldats c’est de l’égalité.
Devant cet impôt-là pas de privilège
Avec du sang il faut s’acquitter.
Qu’on soit de l’atelier, du collège
Chacun y passe et doit chanter :

(4ème couplet)
Les bleus tiendront ferme le drapeau.
Qu’on ose attaquer la frontière,
Comme un seul homme, la France entière
Se lèvera pour risquer sa peau.
Le sabre au poing, la rage au ventre,
Le premier rang sera pour les bleus.
Mais avant de partir chacun rentre
Chez sa mère et lui dit joyeux :

(dernier refrain)
Adieu Maman, j’emmène Papa,
Nous allons venger la  patrie.
Fait de la charpie et ne pleure pas
Embrassons-nous bien mère chérie
Adieu Maman, j’emmène Papa,
Car pour exterminer la race
Faut toute la classe.


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Le départ du matelot

(1er couplet)
L’aube naissante a chassé les étoiles
Dans le flot pur le jour va se mirer.
Nos matelots ont déployé les voiles,
On va partir, il faut se séparer.
Quand loin de toi, vers la rive étrangère,
J’irai voguant entre la mer et Dieu,
           Rappelle-toi ta promesse dernière.         }
                  Je pars, adieu ma bonne Jeanne, adieu     }  (bis)

(2ème couplet)
Demain peut-être un ouragan terrible
Mettra mes jours en un mortel danger,
Mais contre tout me rendant invincible
Ton amour seul saura me protéger,
Guidé par lui sur la vague profonde,
Dans la tempête ou sous le ciel en feu,
J’irai partout jusqu’aux confins du monde.
Je pars, adieu ma bonne Jeanne, adieu.

(3ème couplet)
Dans ce village où reste ma pensée,
Vers qui mon cœur reviendra chaque jour,
Songes toujours ma chère fiancée
A l’avenir gardien de notre amour.
Que sont pour nous le temps et la distance
Quand d’être unis nous avons fait le vœu.
Vers l’infini j’emporte l’espérance.
  Je pars, adieu ma bonne Jeanne, adieu.

(4ème couplet)
Je reviendrai ! Calme donc tes alarmes,
Je reviendrai plein d’allégresse au cœur,
Et ce jour-là si tu verses des larmes
Elles seront des larmes de bonheur.
En te quittant j’emporte dans mon âme
Le souvenir de ton dernier aveu,
Sois-moi fidèle et tu seras ma femme.
Je pars, adieu ma bonne Jeanne, adieu.


liste des chansons

La divine

(1er couplet)
Quand je l’entrevis
Sous les arceaux d’une charmille
Mon cœur fut épris.
Dieu qu’elle était gentille,
Ses yeux langoureux
Semblait un doux reflet des cieux.
Le printemps doucement
Riait à ses quinze ans.
Royal diamant
Q’un souffle anime.
Je l’adorais tout bas
Songeur et n’osant pas
Embrasser la divine.

(2ème couplet)
Au bras d’un seigneur,
Sans cœur mais à la bourse pleine,
L’air triomphateur,
J’ai revu Madeleine.
Le Dieu des amours
La décorait de ses atours.
Triste, le cœur brisé,
Morne, désabusé,
Plein d’amers regrets,
L’âme chagrine,
Je pleure longuement,
Sombre et désespérant
D’embrasser la divine.

(3ème couplet)
Mais dix ans plus tard,
Sur le pavé froid de la rue
Pâle sous son fard
Elle m’est apparue.
La neige à foison
Secouait sa blonde toison.
Sous son châle frileux,
Les larmes dans les yeux,
Faisant sous les cieux
Bien triste mine,
Madeleine vers moi
S’approche. Cette fois
J’embrassais la divine.

Suit la mention  "Frédéric Mallet 1ère compagnie 15ème escouade"


liste des chansons

Dors mon mignon

(1er couplet)
C’était un soir dans une chambre rose
Un frais bambin dormait dans son berceau
Il souriait la paupière semi close
Car dans son rêve il voyait un drapeau
Les étrangers reculaient en déroute
Devant l’ardeur de nos vaillants soldats
Quand s’éveillant il dit :  maman, écoute,
N’entend-tu pas du canon le fracas ?

(refrain)
De t’éveiller il n’est pas l’heure encore,
Disait la mère à son enfant chéri,
Dors mon mignon, dors bien jusqu’à l’aurore (l'aube)
Je te dirais quand viendra l’ennemi (Bis)

 (2ème couplet)
Dis-moi Maman, où donc est petit père
Est-il déjà parti pour les combats,
Je voudrais bien aussi faire la guerre,
A mon pays offrir mes faibles bras.
Non mon ami, reste auprès de ta mère,
Ton père est loin, c’est assez de douleur.
Il reviendra bientôt, la mine fière,
Pour t’embrasse toi qui fait son bonheur.

(3ème couplet)
A ce moment, elle vit apparaitre
son pauvre époux qui, tout couvert de sang,
Vint tomber mort auprès de la fenêtre
Près de son fils en pleurs maintenant.
Son meurtrier le suivait, mais la mère
D’un long couteau, le frappait en plein cœur.
Quand un hulan* survint dans la chaumière
Et la frappa de son sabre vainqueur.

(refrain 2)
De t’éveiller il n’est pas l’heure encore
Dit en mourant, la mère à son enfant chéri,
Dors mon mignon, dors bien jusqu’à l'aurore (l’aube)
Et ne crains rien, l’allemand est parti. (Bis)

(4ème couplet)
Sous les cyprès dans un coin du village
On voit parfois un soldat s’arrêter
Aux pieds d’un Christ recouvert de feuillage
Il s’agenouille et semble méditer.
Quand son regard se tourne vers la plaine
De ses grands yeux coulent des pleurs brûlants,
C’est qu’il revoit l’Alsace et la Lorraine.
Le sol natal perdu depuis 20 ans? (vers absent)

*Hulan : Lancier de l'armée  allemande.


liste des chansons

Elle n'était pas jolie

(1er couplet)
C’est par hasard qu’un matin dans la rue
En se croisant tous deux, avaient souri :
Lui cœur à prendre, elle encore ingénue.
Printemps, soleil et tout ce qui s’en suit,
Comme il tremblait en parlant de tendresse.
Elle accepta son premier rendez-vous
Et leur amour pur comme une caresse
Naquit d’une fleur et d’un baiser si doux.

(1er refrain)
Elle n’était pas vraiment jolie, jolie,
Mais elle avait dans les yeux
Comme un coin du ciel bleu, du ciel bleu.
Pourtant son petit amant
L’aimait à la folie. Et cependant
Elle n’était pas jolie.

(2ème couplet)
Les premiers temps, leur union fut parfaite
Mais pour garder le cœur d’un amoureux,
Il faut savoir être un petit brin coquette
Et la pauvrette, hélas, l’était bien peu.
A lutiner toujours la même rose
Le papillon se lasse de la fleur.
Ce fut bientôt pour lui la même chose,
Puis il partit lassé de son bonheur.

(2ème refrain)
Pour une autre vraiment jolie, jolie
Mais frivole et n’aimant
Que le plaisir et l’argent, et l’argent.
L’amant sans un regret
Quitta sa petite amie qui l’adorait
Mais n’était pas jolie.

(3ème couplet)
Il savoura quelques joies éphémères,
Puis à son tour il fut trahi, trompé.
La seconde maitresse, en vengeant la première,
Lui fit à son tour regretter le passé,
Se souvenant combien l’autre était bonne.
Il vint un soir se mettre à ses genoux,
Sans un reproche, elle lui dit : je te pardonne
Je savais bien que tu reviendrais, grand fou.

(dernier refrain)
Car si je ne suis pas jolie, jolie
Moi je t’aime d’amour
Et c’est bien pour toujours, pour toujours.
Lorsque si gentiment une femme donne sa vie,
Elle peut vraiment se passer d’être jolie.


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En cueillant des lilas

(1er couplet)
C’était au bon temps des lilas
Les fleurs tombaient en avalanches
Nous allions à tout petits pas
Cueillant les plus grosses branches.
Vos yeux brillaient d’un air moqueur,
Vos lèvres étaient si riantes
Qu’en vous donnant les fleurs charmantes,
Je sentis tressaillir mon cœur.

(refrain)
En cueillant des lilas qu’avril donne
Vous avez dans un geste coquet
Pris le cœur avec le bouquet,
Mais je vous pardonne
Car l’amour vient sans qu’on le soupçonne
Bien des fois nous surprendre ici-bas,
En cueillant des lilas,
En cueillant des bouquets de lilas.

(2ème couplet)
Pour un sourire de vos yeux,
Du firmament narguant les voiles,
J’aurais été cueillir aux cieux
Pour vous un bouquet d’étoiles.
Je vous ai donné j’en conviens
Mon cœur qui n’était point à d’autres
Et vous m’avez promis le votre
En retour si je m’en souviens.

(3ème couplet)
Et d’autres lilas, oh ! Combien
Sont nés depuis sous votre flamme.
Nul autre amour, sachez-le bien,
N’a refleuri dans mon âme.
Votre cœur en toutes saisons
Cherche nouveau bouquet sans trêve.
Mais moi j’ai gardé un doux rêve
En ces premières floraisons.


liste des chansons

L'étoile d'amour

(1er couplet)
Un poète ayant fait un voyage de rêve,
M’a dit qu’il existait dans le ciel radieux
Une étoile où jamais ne sonne l’heure brève,
L’heure brève, où les cœurs se brisent en adieux.

(refrain évolutif)
Une étoile d’amour,
Une étoile d’ivresse,
Les amants, les maitresses,
Aiment la nuit, le jour.
Un poète m’a dit qu’il était une étoile
Où l’on aime toujours.

(2ème couplet)
Là, jamais de soucis, jamais de cœurs moroses,
Les femmes, pour charmer, ont pris l’âme des fleurs,
Elles n’ont qu’un chagrin, c’est voir mourir les roses,
Jamais leurs clairs regards ne se voilent de pleurs.

(2ème refrain)
On chante les amours,
Les plaisirs, les tendresses,
Les amants, etc…etc…
 

(3ème couplet)
L’on y entend, le soir, échanger sous les arbres
Les fous baisers troublant le calme de la nuit.
Le clair ruisseau glissant sur la fraicheur des marbres,
Les femmes font goûter leurs lèvres comme un fruit.

(3ème refrain)
Et l’on parle d’amour
On parle de caresses
Les amants,  etc …etc …
 

(4ème couplet)
Dis-moi petite aimée, envolons-nous vers elle
Et nous nous aimerons pendant l’éternité.
La chimère aux doux yeux nous prêtera son aile,
Vois, là-haut vers le ciel, vois sa pâle clarté.

(4ème refrain)
C’est l’étoile d’amour,
C’est l’étoile d’ivresse
Les amants,  etc…etc…
 

Suit la mention : « Plus que 148 jours
                      et la fuite sans regretter le 92ème de ligne

                       Clermont Ferrand »

Voir une parodie de cette chanson : "la toile d'amour"



liste des chansons

Les farces du diabolo

(en patois de Lille)

(1er couplet)
Pour s’amuser, garçons et fillettes
Avec du fil et deux baguettes
               Mettent au mitant un diabolo 
                   Ch’  ju ch’est le bonheur du populo 
Faut vir comme is’ont belle dégaine
A faire tourner cheulle grosse bobine
Et de lancer dins l’infini,
Indrot que l’aiguille marque.

(1er refrain)
Agitez, faites tourner le bouchon
Puis écartez vos deux bâtons
Vous verrez rapide comme l’éclair,
Vo’ diabolo in l’air.

 (2ème couplet)
Ch’ diabolo, ayez soin de le mettre
Jush’ entre les deux baguettes
Car si vous le mettez su’ l’côté
Vous êtes sûr quel’ cop est raté.
Et si vous allez su’ l’ bordures,
Y’ prendra eun’ mauvaise tournure,
                     Il ira souvint dattiquant   (datiquand)
Querr’ su l’ tête d’un humble passant.

(2ème refrain)
Cl’ ti qui r’chot cha su sin bobli
Peut crier a’ revoir et merci,
Si n’a point su’ s’ tête un, capiau
Il est sûr d’un boursiau !

 (3ème couplet)
A l’étranger tout comme en France,
On jue à cha avec aisance
Dins  les gradins, su’ les boulevards,
Dins  les champs et sur les rinparts
On le jue au soleil et à l’ombre.
Uch’ qui fait clair, Uch’  qui fait sombre
On le jue le matin et le soir
On le jue le soir et même dans le noir.

(3ème refrain)
Agitez, faites tourner le bouchon
Puis écartez vos deux bâtons
Vous verrez rapide comme l’éclair,
Vo’ diabolo in l’air.

(4ème couplet)
Pour li bien souvent on se dispute
T’nez l’autre jour, j’ai vu faire la lutte
Deux jeunes filles auprès de m’ maison
S’attrapotent par leur chignon.
Dins l’ foule aussitôt je me faufile
Je veux savoir pourquoi ch’ qu’in batille,
Quand l’un dieu crie d’un air furieux
Cheull’  toutoule a pris m’ n’ amoureux.

 (dernier refrain)
Ah j’ li arrach’rai l’ blanc des yeux
J’ viens de l’ vir ave’  m’ n’ amoureux
Quelle juot  rue Victor Hugo
Ave' sin diabolo.


Je n'ai aucune notion du patois du nord
Ce texte est donc tel que je le lis dans le cahier.

Il est probable que Frédéric Mallet, originaire du Cantal,
n'y connaissait pas plus que moi.

 traduction approximative :


(1er couplet)
Pour s’amuser, garçons et fillettes

Avec du fil et deux baguettes
Mettent au milieu un diabolo.
Ce jeu c’est le bonheur du populo 
Faut voir comme ils ont belle dégaine 
A faire tourner cette grosse bobine 
Et de lancer dans l’infini, 
L'endroit  que l’aiguille marque. ?? 

(1er refrain)
Agitez, faites tourner le bouchon
Puis écartez vos deux bâtons
Vous verrez rapide comme l’éclair,
Votre diabolo en l’air.

 (2ème couplet)
Ce diabolo, ayez soin de le mettre 
Juste entre les deux baguettes,
Car si vous le mettez sur le côté
Vous êtes sûr que le coup est raté,
Et si vous allez sur les bordures, 
Y’ prendra une mauvaise tournure,
Il ira souvent en retombant
atterrir sur la tête d’un humble passant.

(2ème refrain)
Celui qui reçoit ça sur la boule

Peut crier au revoir et merci,
S’il n’a point sur sa tête un, chapeau 
                   Il est sûr d’une bosse ! (sur la tête) 

 (3ème couplet)
A l’étranger tout comme en France,
On joue à ça avec aisance
Dans  les gradins, sur les boulevards,
Dans  les champs et sur les remparts .
On y joue  au soleil et à l’ombre. 
Même s’il fait clair, même s’il fait sombre 
On y joue  le matin et le soir
On y joue la nuit et même dans le noir.

(3ème refrain)
Agitez, faites tourner le bouchon
Puis écartez vos deux bâtons
Vous verrez rapide comme l’éclair,
Votre diabolo en l’air.

(4ème couplet)
Pour lui,  bien souvent on se dispute  :
T’nez l’autre jour, j’ai vu faire la lutte
Deux jeunes filles auprès de ma maison
S’agrippent  par leur chignon.
Dans la foule aussitôt je me faufile
Je veux savoir pourquoi est-ce qu’on se bat
Quand l’une d’elles crie d’un air furieux :  
Cette  fofolle a pris mon amoureux.

 (dernier refrain)
Ah je lui arracherai le blanc des yeux,
Je viens de la voir avec mon amoureux
Qui jouait  rue Victor Hugo
Avec son diabolo.


liste des chansons

Garde ton cœur Madeleine

(1er couplet)

Aux jeunes gens du quartier latin
La blanchisseuse Madeleine
Portait le dimanche matin
Le linge blanc de la semaine.
A l’atelier, sa grande sœur
Ayant souffert d’être amoureuse,
D’une voix triste et douloureuse
La conseillait avec douceur :
N’en fais pas à ta tête folle
Prends garde la vertu s’envole.

(refrain)
L’amour est menteur, garde ton cœur
Garde le ma jolie Madeleine
Si tu le donnais, tu souffrirais,
A l’amour ne le livre jamais
Quand tout  est fini,
 Le bonheur s’enfuit
L’abandon ça cause tant de peine.
L’amour est menteur, garde ton cœur
Garde ton cœur, garde le, garde le Madeleine.

(2ème couplet)
Par un dimanche de Printemps
Portant son linge à domicile,
Elle fut par un jeune étudiant
Flattée d’une manière habile,
Un instant elle voulut s’enfuir
Mais sa parole était si tendre
Que ne sachant plus se défendre
Elle se soumit à son désir.
Pourtant bercée comme en un rêve
Une voix lui disait sans trêve :

(3ème couplet)
Comme bien des gens dans l’amour
Finit celui de Madeleine,
Son bel étudiant un  beau jour
Partit pour des contrées lointaines
Lui laissant pour tout souvenir,
Pour cacher ses idées moroses,
Qu’une fillette, cher bébé rose,
Qui ne demande qu’à grandir,
En la berçant sa jeune mère
Lui chante en pensant à son père :


liste des chansons

Gosse sans père

Bien oui, J’ai un gosse, un petit innocent
Qui ne demandait pas à naître.
Le père m’a laissé, je suis seule à présent.
Pour protéger le cher petit être
Je n’ai plus de pain, je n’ai plus de toit.
Faut-il que je mendie, ici, dans la rue
Que quelque passant ait pitié de moi.
J’ai péché c’est vrai ; j’étais ingénue.


(1er refrain)
Je n’avais que 15 ans
Je croyais bêtement
A l’amour des hommes.
Un beau mois de mai,
Près de l’adoré,
Je goutais la pomme.
Je ne savais pas
Que pour un faux pas
On pouvait être mère.
Je pleure à présent
En berçant l’enfant,
Gosse sans père.

 

(2ème refrain)
Mes parents m’ont dit :
Va-t’en du logis,
Honte à qui succombe.
La vertu chez eux
N’est pas un mot creux,
Pour moi c’est la tombe.
Hélas si mon cœur
A cru au bonheur,
Si j’étais sincère,
Ce n’est pas pourtant
la faute de l’enfant ;
Gosse sans père.

Si je ne travaille pas, le trottoir m’attend,
Pour mon gosse j’aurais du courage.
La vertu n’est plus qu’un rien maintenant,
 Le vice parfois est plus sage.
Mais je ne veux pas qu’on dise plus tard,
En chuchotant tout bas, d’une voix méchante
En parlant de l’enfant : ce n’est qu’un bâtard
Et sa mère était une femme galante.



liste des chansons

L'heureux tourlourou

(ou le joyeux tourlourou)

(1er couplet)
Je suis d'un caractère tranquille,
Jamais triste et toujours content,
Quoi qu’il arrive, je me fais pas de bile
Et je suis surtout pas exigeant.
Comme j’ai pas de quoi rouler en carrosse
Le gouvernement me garantit
Un soir par jour pour faire la noce,
C’est pas beaucoup mais ça me suffit.

(2ème couplet)
J’ai un copain qui se nomme Grégoire
C’est un camarade très sérieux.
Quand on se balade et qu’on veut boire
On se paye un bock nous deux,
Que ce soit de la bière brune ou rousse
Chacun sa part, sans parti pris,
Lui boit la bière et moi la mousse,
C’est pas beaucoup mais ça me suffit.

(3ème couplet)
Dans une fête,  je vois une bascule,
C’était quatre sous pour se faire peser.
Je dis au patron : C’est ridicule,
C’est trop cher, on va s’arranger,
Voilà cinq centimes en fait de braise
Et comme c’est le quart de votre prix
Vous ne me direz que le quart de ce que je pèse,
C’est pas beaucoup mais ça me suffit.

(4ème couplet)
J’aime aussi mam’zelle Virginie.
Quand je la vois, mon cœur fait tic, tac,
Mais elle n’est pas très bien fournie
Sur le rapport de l’estomac,
Oui sa poitrine n’est pas rondelette
Ses nénés ont si peu grossi
Qu’on leur voit que le petit bout de la tête,
C’est pas beaucoup mais ça me suffit.

(5ème couplet)
                 L’ami Sosthène, la semaine dernière, (Sisthème)
Me dit : Toi qui a beaucoup étudié,
Est-ce vrai que la lune qui nous éclaire
Se divise en quatre quartiers ?
                  Ma foi j’ignore, dis-je à Sosthène,  (Posthème)
Si la lune se divise ainsi,
Moi c’est en deux que se trouve la mienne
C’est pas beaucoup mais ça me suffit.


liste des chansons

Les Hirondelles

(1er couplet)
Captif au rivage du maure,
Un guerrier, courbé sous ses fers,
Disait : Je vous revois encore
Oiseaux, ennemis des hivers,
Hirondelle, que l’espérance
Suit jusqu’en ces brûlants climats,
Sans doute vous quittez la France :
De mon pays ne me parlez-vous pas ?

(2ème couplet)
Depuis trois ans je vous conjure
De m’apporter un souvenir
Du vallon où ma vie obscure
Se berçait d’un doux avenir.
Au détour d’une eau qui chemine
A flots purs sous de frais lilas,
Vous avez vu notre chaumine :
De ce vallon ne me parlez-vous pas ?

 (3ème couplet)
L’une de vous peut-être est née
Au toit où j’ai reçu le jour ;
Là, d’une mère infortunée,
Vous avez dû plaindre l’amour.
Mourante, elle croit à toute heure
Entendre le bruit de mes pas ;
Elle écoute et puis elle pleure.
De son amour ne me parlez-vous pas ?

(4ème couplet)
Ma sœur est-elle mariée ?
Avez-vous vu de nos garçons
La foule, aux noces conviée,
La célébrer dans leurs chansons ?
Et ces compagnons du jeune âge,
Qui m’ont suivi dans les combats,
Ont-ils revu tous le village ?
De tant d’amis ne me parlez-vous pas ?

(5ème couplet)
Sur leurs corps, l’étranger peut-être
Du vallon reprend le chemin ;
Sous mon chaume il commande en maître ;
De ma sœur, il trouble l’hymen,
Pour moi plus de mère qui prie,
Et partout des fers ici-bas.
Hirondelles de ma patrie,
De ces malheurs ne me parlez-vous pas ?

Suit la mention : Frédéric Mallet
                             « encore 660 jours et la fuite ! »


liste des chansons

J'ai tant pleuré pour toi

(1er couplet)
En ma folie
je croyais, poète ennuyeux,
Que notre vie
Serait un roman merveilleux.
Le cœur plus sage,
Sans voir se troubler mes yeux,
J’ai lu la dernière page,
La page où l’on parle d’adieux.
 

(refrain)
J’ai tant pleuré pour toi,
Tant prié sans t’attendrir, méchante.
J’ai passé tant de jours, tant de nuits, à ne songer qu’à toi.
J’ai tout au fond de moi
Dû cacher tant de larmes brûlantes
Que j’ai lassé mon cœur à tant souffrir pour toi.
 

(2ème couplet)
L’âme brisée,
Suivant son chemin douloureux,
Loin de l’aimée,
On reste longtemps malheureux.
Mais on se lasse,
Chaque jour console un peu
Et chaque matin qui passe
Efface une larme en vos yeux.


liste des chansons

Je n'adorais que toi

(refrain)
Je n’adorais que toi,
Près de toi je soupirais sans cesse,
Tu torturais mon cœur,
Tu riais de mon tremblant émoi.
J’ai pleuré tant de fois
Dans la nuit de ma sombre détresse
Que mes yeux sont taris
Car je n’aime que toi.

(1er couplet)
Oh ! Douce amie, j’étais fou en buvant tes yeux
L’âme ravie je croyais entrer dans les cieux
Mais toi volage,
Tu me fis un jour tes adieux.
J’ai conservé ton image
En souvenir des jours heureux.

(2ème couplet)
Chère adorée reviens-moi car j’ai soif d’amour
Toi l’adulée dont je rêve la nuit, le jour,
Vois, l’heure passe
Et mon cœur saigne toujours
Mais mon âme jamais lasse
Veut rire encore à tes atours.


liste des chansons

La jolie boiteuse

(refrain)
La fille de ma concierge est un peu boiteuse
Une, deux ! Une, deux ! Mais ça lui va bien
Ça ne l’empêche pas d’être vertueuse
Une, deux ! Une, deux ! Elle va z et vient
Dans l’escalier
Il faut la voir trotter.

(refrain)
Elle a z un rien qui cloche dans une quille
Il n’en manque pas beaucoup pour la faire marcher
N’en, faudrait qu’un petit peu à la belle fille
Pour la remettre d’aplomb et la rallonger.

(2er couplet)
Aussi pour lui faire rallonger sa petite jambe
Une, deux ! Une, deux !  On l’envoie porter
Les journaux chez un vieux monsieur pas ingambe
Une, deux ! Une, deux ! qui demeure au premier
Mais ce vieux là
Ne la redressera pas.

 (3ème couplet)
Au second elle monte chez un homme de lettres
Une, deux ! Une, deux ! Lui porter son lait
C’est bien le cas de dire qu’elle boîte aux lettres !
Une, deux ! Une, deux ! Et qu’elle boite au lait !
Quand elle descend,
Elle boite en fer blanc.

(4ème couplet)
Au sixième reste un étudiant en médecine
Une, deux ! Une, deux ! elle l’a consulté
Et depuis quelque temps, on voit bien que la mâtine
Une, deux ! Une, deux ! S’est bien fait soigner
Car à présent,
Elle se redresse en marchant.

(dernier refrain)
Elle a un rien qui cloche dedans la quille
N’y en manquait pas beaucoup pour la faire marcher
N’en fallait qu’un petit bout à la pauvre fille
Et c’est l’amour médecin qui lui a donné.

Dans une version chantée par Dalbret
« l’amour-médecin « est remplacé par « un beau garçon »

liste des chansons

Laisse-moi pleurer

(refrain)
Tu penses briser mon cœur,
Je n’ai rien à présent que le charme,
Fini notre bonheur,
Mon sourire a fait place à des larmes.
Mon rêve avait duré
Trop longtemps, Ah, la douce folie
Les chagrins c’est la vie
Je n’ai plus qu’à pleurer.

 (1er couplet)
Toute ma vie je me souviendrai
Qu’un soir de mai je te rencontrais,
Ton regard me fut si tendre
Que le mien s’y laissa prendre.
En me jurant d’être à moi toujours
Tu m’as dit tant, tant de mots d’amour,
Qu’éprise de leur caresse
Je devins ta maitresse.

(2ème couplet)
Oui j’ai pleuré lorsque dans tes yeux
Mes yeux ont lu de méchants aveux.
Pour que ma peine s’envole
Dis-moi les mots qui consolent,
Ah! Redis-moi les serments jolis
Qu’ils n’aillent pas au vent des oublis,
Redis-moi les doux mensonges
Dont j’ai peuplé mes songes

  (dernier refrain)
Tu sais griser mon cœur
Ah ! D’un mot reprends-le sous ton charme.
On dit que le bonheur
Refleurit plus vivant sous les larmes,
L’amour ne peut sombrer
Que lorsque tout espoir l’abandonne.
Même quand on pardonne
Il est doux de pleurer.

Suit la mention : Faite à Paris par quelqu’un
 et l’autre moitié par moi, ici présent,
à la chambre n°9 de la rue St Sauveur 9.

Signé :    M.  Mallet et  Frédéric Mallet

liste des chansons

Laisse-moi prendre un bécot

(1er couplet)
C’était au printemps, le ciel était bleu,
Les lilas en fleurs embaumaient l’espace.
Moi je te disais  : Ne pleure pas pour si peu,
Pourquoi frémis-tu lorsque je t’embrasse ?

(refrain)
Laisse-moi prendre un petit bécot
Sur tes lèvres de frais carmin,
Et laisse-moi plonger la main
Dans le lit du gentil ruisseau,
Je veux folâtrer comme un gamin
Dans la montagne et le ravin.

(2ème couplet)
Mais timidement tu baisses les yeux.
Tout à coup tu me dis : Tiens, mon cœur frissonne
S’ils me voyaient que diraient mes vieux ?
Je te répondis : Ne crains rien mignonne.

(3ème couplet)
Mes baisers brûlants te faisaient pâmer
Tout, autour de nous, semblait être en fête
Tu me disais : Va-t’en tu me fais damner.
Moi je murmurais couché sur l’herbette :

(4ème couplet)
Je bus longuement un tendre soupir
Qui s’échappa de ta gorge divine,
Tes grands yeux brûlaient d’un ardent désir
Je te susurrais d’une voix câline :

(5ème couplet)
Quand tu te levas, tremblante d’émoi,
L’amour te nimbait comme d’une auréole.
Tu fis le serment de n’être rien qu’à moi,
Depuis ce jour-là de toi mon âme est folle.


liste des chansons

La leçon de becane

(1er couplet)
Un jour une jeune fillette
Se présente seule et sans façon
Chez le professeur de bicyclette
Afin de prendre une leçon.
Le professeur charmé de sa bonne mine
L’accueillit très amoureusement
Et la mettant sur la machine,
Il lui dit allez-y doucement.

(refrain)
C’est si fragile un pneumatique
Qu’il ne faut jamais presser le mouvement.
Tant que vous manquerez de pratique
Mettez-y donc quelques ménagements.
Je n’ai que celui-là pour le moment,
Et donc j’y tiens énormément.

(2ème couplet)
Sans même l’écouter, la belle
Se mit en marche rapidement
Et le professeur plein de zèle
Fit comme elle immédiatement.
Il fut bientôt vaincu, perclus,
Et dut suspendre la séance
Car l’instrument n’en pouvait plus.

(3ème couplet)
Puis lorsqu’il eut repris haleine,
Le professeur acheva la leçon.
Mais ce fut avec bien de la peine
Qu’il put se maintenir à l’unisson.
Et comme elle prévoyait la suite
La fillette disait tout bas :
Plus vite, Plus vite, Plus vite,
Mais lui répondait : je peux pas.

(4éme couplet)
Bref, la leçon parut si bonne
Qu’afin de ne pas l’arrêter,
Le professeur et la mignonne
Ne voulurent plus se quitter.
Ils font des progrès ça s’devine
Et le professeur qui n’a plus peur
De voir abîmer sa machine
Dit maintenant avec ardeur :

(dernier refrain)
Il est solide mon  pneumatique
Tu peux t’en servir énormément
Puisque tu possèdes la pratique.
Il n’a plus besoin de ménagement
Il est éprouvé entièrement
Et je te permets de presser le mouvement.


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Lettre d'Ullmo*

            (1er couplet)
O mon amie,
Ecoutes-moi belle Lison*
Femme chérie,
Pour toi je gémis en prison.
Car j’ai failli
Pour te couvrir de bijoux.
Traitre, j’ai vendu ma patrie,
Je te dis pardon à genoux.

                (refrain)
Oui j’ai trahi pour toi,
Par amour pour ton corps de déesse
Et j’ai brisé ma vie,  maintenant ne songe plus à moi.
Si j’ai trahi pour toi,
O Lison ma chère maitresse,
Je suis heureux encore car je souffre pour toi

                        (2ème couplet)
Sur mon navire  (mot manquant retrouvé)
Afin d’avoir beaucoup d’argent
L’âme en délire
Oui j’ai volé des documents,
Et comme un lâche
Je les vendis à l‘ennemi,
Mas il faut que tu le saches
Malheureux était ton ami.

                        (3ème couplet)
De notre ivresse
Rappelle-toi les jours heureux
Belle maitresse.
Songe à ton amour malheureux,
Car il t’implore :
Aies pitié de moi Lison
Au fond du cœur, je t’adore
Lise accorde-moi ton pardon.

                            (4ème couplet)
Le rouge monte
A mon front de traitre éperdu.
Je sens la honte,
Je pleure ton amour perdu.
Adieu Lisette,
Oublie le pauvre dément
Qui songe à payer sa dette,
Car c’est l’heure du châtiment

* Affaire ULLMO  1907
ULLMO est Charles Benjamin Ullmo et LISON est Marie Louise Welsh.

 complaintes criminelles

liste des chansons

Lettre tendre

(1er couplet)
Sur la branche embaumée, au printemps fraiche éclose,
On trouve la rose ;
Sur vos bras frais et blancs, au toucher des satins,
On trouve vos mains.
Sur vos lèvres sans cesse amoureux et léger,
On trouve un baiser ;
Sur la fleur du matin inconstante et vermeille,
On trouve l’abeille.

(2ème couplet)
Je surprends votre voix dans l’or qu’au pas des bêtes
Versent les clochettes.
La pureté du lys en mon cœur se confond
avec votre front.
La larme de rosée, au bord du bleuet pur,
Toute pleine d’azur,
M’arrête et m’attendrit. Sur la fleur il me semble
Qu’un peu de vos yeux tremble

(3ème couplet)
O le tendre bonheur que d’avoir en sa vie
Une bouche amie
Qui vous conte tout bas les doux propos d’amour,
Au courant du jour,
Et qui sur votre bouche, en désirs caressants,
Se pose par instants,
Et vous verse dans l’âme, O trinité bénie,
Oubli !  Bonté !  Folie !


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Les lèvres sont jolies

(1er couplet)
- Enfin, ma chérie, nous sommes unis ;
Devant Monsieur le Maire tu m’as dit :
Oui ! Répète-moi donc que c’est pour toujours
Que tu m’as donné ton amour.
- Ce n’est pas gentil, Monsieur mon mari
De douter de moi quand tout vous sourit
Et je ne veux pas que vous ayez peur,
Je vous ai donné tout mon cœur !

(1er refrain)
Les lèvres sont jolies
Quand elles chantent des mots d’amour ;
Elles disent des folies
Auxquelles nous croyons toujours,
Lorsqu’elles vous sourient
Et nous murmurent doucement :
Je t’aime, ô mon amant !
Les lèvres sont jolies !

(2ème couplet)
- Tirons les verrous, fermons les rideaux,
Nous voici tout seul dans le lit bien clos,
Mais comme jadis tu vas dire non
 Et faire encore des façons.
- C’est qu’autrefois, Monsieur, pour un fiancé
Vous étiez vraiment trop pressé.
Mais puisque ce soir tout nous est permis,
Et bien !...  Qu’attends-tu mon chéri.

(2ème refrain)
Les lèvres sont gourmandes
Et quand l’amour vient nous tenter
Gentiment elles demandent,
Les caresses sans les compter.
Elles sont si friandes
Qu’on leurs donnerait, sans les griser,
Des milliers de baisers,
Les lèvres sont gourmandes.

(3ème couplet)
- Te voici jalouse, ah ! ne dis pas non ;
Car c’est chaque fois la même chanson
D’où je viens si tard ? Où je suis passé ?
Cela commence à me lasser !
- Oh ! je sais, mon cher, tu te crois le droit
D’aller prendre ailleurs ton plaisir sans moi !
Mais ne te plains pas si j’allais plus tard
Oublier ma peine autre part !

 (3ème refrain)
Les lèvres sont méchantes
Quand l’amour fait place au chagrin,
Alors elles se vantent
Du mal qu’elles feront demain.
Le désir les tourmente
De pouvoir se venger de nous !
Quand le cœur est jaloux,
Les lèvres sont méchantes.

(4ème couplet)
- Ainsi, ma chérie, c’est bien vrai, demain
Tu veux me quitter malgré mon chagrin !
Si je t’ai trompée, c’est fini voyons
Et je te demande pardon !
- Moi, te pardonner, c’est trop tard, mon cher !
Longtemps j’ai pleuré, Longtemps j’ai souffert,
Tu riais alors de mon pauvre amour,
Tu peux pleurer, c’est bien ton tour !

(4ème refrain manquant)*
Les lèvres sont cruelles
Quand on a fini de s’aimer !
Rien n’existe pour elles
De tout ce qui sut les charmer.
Elles se montrent rebelles
Et refusent tous les baisers.
Quand le cœur est brisé
Les lèvres sont cruelles.


* Dans le cahier, le 3ème refrain est répété
à la place du 4ème retrouvé ici.  Suit la mention suivante :
 « Faite le 27 novembre 1908 à la salle d’infirmerie
le lendemain d’une noce »

liste des chansons

Ma jolie

(1er couplet)
Depuis deux ans que tu es ma petite femme,
Moi je t’aime comme au premier jour,
Mais toi, frivole, au fond de l’âme
Tu ne sais pas ce que c’est que l’amour.
Tu as des rêves de richesse,
Tu veux profiter de ta beauté,
Tu me dis que tu perds ta belle jeunesse
Et c’est pour ça que tu veux me quitter.


(refrain)
Ô, ma jolie
Je t’en supplie
Si de l’amour ton cœur est las,
Moi je t’adore
Et je t’implore :
Reste avec moi, ne t’en vas pas.
Ah ! Pauvre folle
L’oiseau s’envole
Pour se perdre là-bas, là-bas,
Pas de folie
Je t’en supplie,
Ô, ma jolie.

(2ème couplet)
Tu ne sais pas ce que c’est que la noce,
Tu crois que c’est le parfait bonheur,
Tu te vois déjà roulant carrosse
Au milieu de tes adorateurs.
Si tu savais, pauvre chérie,
Quand ton rêve serait envolé
Tu tomberais, l’âme meurtrie
Dans la triste réalité.


 (3ème couplet)
Oui, tu veux t’en aller quand même
Et tu me dis bien naïvement :
Ça ne fait rien tu sais bien que je t’aime
Tu seras toujours mon petit amant.
Quoi ! Je verrais cette chose affreuse,
Un autre homme pour un peu d’or
Embrasser ta lèvre amoureuse
Et tu voudrais que je t’aime encore !


(4ème couplet)
Mais je sens ta petite main qui tremble,
Tes yeux pleurent, ton cœur est touché.
Allons, veux-tu, restons ensemble,
Oublions ce qui s’est passé.
Va ça vaut bien mieux d’être honnête,
La richesse on peut s’en passer,
Les riches t’offriront des toilettes
Mais ils ne sauront pas t’aimer.


(dernier refrain)
Ô, ma jolie
Je t’en supplie
Viens près de moi te consoler.
Tu sais que je t’aime
Plus que moi-même,
Pourtant tu voulais me quitter
Mais je te pardonne,
Chère mignonne,
Car maintenant je vais t’aimer
A la folie
Toute ma vie,
Ô, ma jolie.


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Mandoli, mandola

(1er couplet)
Sous ton balcon, ô ma divine,
Je viens te chanter en passant,
Aux accords de ma mandoline
La joyeuse chanson de mon amour naissant.

(refrain)
Mandoli, mandoli, mandola
Viens par ici, viens par là
Ma brune.
Laisse le vieux jaloux qui t’importune
Mandoli, mandola
Le temps fuit et voila
La lune.

(2ème couplet)
Sous le doux rayon d’une étoile,
Laisse tomber, gage amoureux,
Ton peigne ou le bout de ton voile
Le ruban qui tantôt retenait tes cheveux.

(3ème couplet)
Jette à l’amoureux qui soupire
La fleur aux parfums excitants,
Ou bien de tes yeux un sourire
Et du bout de tes doigts, le baiser que j’attends.

(4ème couplet)
Si tu refuses, ma divine,
Pour te châtier je prendrais
Les cordes de ma mandoline
Et puis sous ton balcon demain je me pendrai !

Suit la mention au bas du texte : « faite à Paris un jour de désespoir
le dimanche 11 aout 1907 »

 
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Ma Ninette

(1er couplet)
Te rappelles-tu, ma Ninette,
Le jour où je te rencontrais,
Je te trouvais si mignonette
Que de suite je t’adorais.
Un bouquet de roses au corsage,
N’écoutant pas les mots d’amour
Que l’on lançait sur ton passage
En voyant tes jolis contours.

(refrain)
Bouche rieuse,
Toujours joyeuse,
Tu t’en allais chaque matin
Poursuivant toujours ton chemin,
A ton ouvrage,
Plein de courage.
Je te suivais, tu m’en voulais,
Mais vois-tu, je t’aimais.

 (2ème couplet)
Mais un jour, bonheur, ivresse,
Cédant à tous mes aveux,
Tu devins ma douce maîtresse,
Je me grisais de tes beaux yeux.
Le dimanche à travers la campagne,
Cueillant des bouquets de lilas,
Je t’embrassais, chère compagne,
Te répétant toujours tout bas :

 (3ème couplet)
J’étais heureux sur cette terre,
Croyant toujours à ton amour.
Mais un jour, ô, douleur amère,
Je m’aperçus, hélas, qu’un jour
Un autre, fou de tes charmes,
Voulait me ravir mon bonheur.
Et sans souci de mes alarmes,
Sans regrets, tu brisas mon cœur.

(4ème couplet)
Je te pardonne, ma Ninette,
Ayant reconnu ton erreur
Tu reviens en notre chambrette
Reprendre la vie du bonheur.
La vraie félicité sur terre,
Vois-tu, c’est le premier amour,
C’est le plus pur, le plus sincère,
Et l’on y repense toujours.

(dernier refrain)
Chère Ninette,
Ma mignonette,
Ne pensons plus aux mauvais jours,
Aimons-nous longtemps et toujours.
Et sans alarmes
Guidons les charmes
Du bonheur des vrais amoureux
Qui seul nous rend heureux.


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Ma petite bretonne

(1er couplet)
Je flânais un soir place Pigalle
Rêvant d’amour idéal
D’une femme qui me donnerait son cœur
Et dont je possèderais la fleur.
Quand soudain devant moi
J’aperçus le plus joli minois,
Naïf et coquet.
C’était mon rêve qui passait.
Sans le vouloir, instinctivement,
Je la suivis en détaillant :

(refrain)
Son petit bonnet blanc, son tablier noir,
Une croix pendue
En guise de sautoir
Lui donnaient un air ingénu.
Et devant ses grands yeux, ses grands yeux si bleus,  (absent)
Je m’écriai joyeux :
Ah ! Qu’elle est mignonne
La petite bretonne.

(2ème couplet)
Elle se retourna en souriant,
Je l’abordai timidement :
Permettez-moi de vous offrir
Ce bouquet, ça me ferait plaisir.
Je lui fis la cour
Lui jurant de l’adorer toujours.
Enfin triomphant
Je l’emmenai dans mon logement.
Elle se fit prier, supplier,
Puis finit par se déshabiller.

(2ème refrain)
Sans son bonnet blanc, sans tablier noir,
La petite croix pendue
Sur sa peau d’ivoire,
Elle semblait encore plus ingénue.
Et devant tant de candeur, je lui dis : sincèrement
Je n’ose plus maintenant,
Tu es trop mignonne
Ma petite bretonne.

(3ème couplet)
Elle me répondit alors :
Tu me fais de la peine mon trésor
Penses-tu que je ne sais pas chéri
Ce que nous sommes venus faire ici ?
Je fus pendant trois ans
Etoile du demi-monde élégant,
Mais maintenant vois-tu
Chapeaux, toilettes, ça ne rend plus,
Les hommes sont devenus vicieux
Il leur faut tous la petite fleur bleue,

(3ème refrain)
Et mon bonnet blanc, mon tablier noir
Et ma croix pendue,
Ça c’est pour les poires
Qui cherchent à s’offrir des ingénues,
Tu vois comme travail si c’est réussi.
Allons, sois gentil
Elle sera bien mignonne
Ta petite bretonne.

Suivi de la mention : Faite  au 92ème de ligne  à Clermont

Frédéric Mallet 1ère compagnie   2ème section   15 escouade   1er bataillon

A l'origine du mot Demi-monde et par extension Demi-mondaine :
la pièce "Demi-monde" d'Alexandre Dumas fils en 1855


liste des chansons

Ma petite Lili

(1er couplet)
Le soir au clair de lune,
Tout comme un espagnol,
Je viens pour toi ma brune
Chanter en ut, en sol.
N’ayant pas ma divine,
Pour souligner mon chant,
La douce mandoline,
Je te dis en pleurant :

(refrain)
Ah ! Ma petite Lili
Aux yeux jolis
Sois moins rebelle,
C’est pour te revoir
Que chaque soir
Ma vie t’appelle.
Ah ! Vite ouvre-moi
Le temps est froid,
Le ciel maussade,
Je chante pour toi
la sérénade.

 

(2ème couplet)
Depuis que je t’ai vue,
Sans savoir le pourquoi,
Espérant ta venue
Je reviens malgré moi.
Qu’il pleuve ou bien qu’il vente,
J’attends pour voir tes yeux,
Car rien ne m’épouvante
Tant je suis amoureux.

 

(3ème couplet)
Chantant sous ta fenêtre,
Un agent, sans façon,
Me flanquera peut-être
Une contravention.
Mais à toi je m’attache,
Bravant par mes accents
Le couteau de l’apache
Qui guette les passants.

(4ème couplet)
Tu le vois ma jolie,
Rien ne peut en ce jour
Arrêter ma folie
Que cause ton amour.
Pour moi rien n’existe,
C’est toi mon seul trésor
( là il manque un vers)
Pour qui je chante encore :


liste des chansons

Marceau

(1er couplet)
L’on entendait de longs bruits d’armes
La patrie était en danger
Et la voix du canon d’alarme
Nous criait sus à l’étranger.
Parmi nos jeunes gens austères
Qui se pressaient sous nos drapeaux,
Parmi ces hardis volontaires
Au premier rang parut Marceau*.

(refrain)
Il allait, le soldat héroïque,
Sur le Rhin combattre les rois,
Fier et criant à pleine voix
Vive la République.

(2ème couplet)
Il fit ses premières étapes
A la tête de nos hussards,
Courant de Fleurus* à Jemmapes*,
Bravant la guerre et ses hussards.
En quatre-vingt sa gloire fut grande,
Mais pour l’armée, oh quelle douleur !
Une balle allemande
Trouva le chemin de son cœur.

(3ème couplet)
                  Sa perte eut le destin suprême  ( de dédain?)
Et l’on vit, sublime tableau,
Les chefs des ennemis eux-mêmes
Suivre le convoi de Marceau.
Ce jour-là fit trêve aux batailles
Les rivaux mêlèrent leurs rangs
Et le canon des funérailles
Retentit dans les deux camps.

(dernier refrain)
Fut-il un sort plus magnifique
Et plus glorieux que le sien ?
Il est mort le soldat citoyen,
Mort pour la République.

Suivi de la mention " faite à Clermont Ferrant"

* François Séverin Marceau 1769 - 1796

* Bataille de Jemmappes 6 novembre 1792

* Bataille de Fleurus 26 juin 1794


liste des chansons

   Mariage à la flan *

(1er couplet)
Quand on a 18 ans d’âge ?
Lorsque vient la fin du jour,
On va causer mariage
Dans les petits bois d’alentour.
Jeunes garçons et fillettes,
Toujours l’âme guillerette,
S’en vont sans plus de façon
S’assoir sur le vert gazon.

(refrain)
C’est un mariage épatant,
Suggestif et mirobolant,
A la gomme, citronnade, bout de zan,*
A la crème, à la mominette*
A la colle, aux bonbons fondants,
C’est un mariage à la flan

(2ème couplet)
C’est une belle cérémonie
Qu’un mariage entre rupins.
A l’église, à la mairie,
Ils épatent les purotins.*
Mais quand par derrière l’église
On emmène sa payse,
Sans témoins, et sans monacos,*
     L’on pratique le conjungo*.

(3ème couplet)
Parfois le soir dans la rue
Nous rencontrons en chemin
Une charmante ingénue
Qui nous propose sa main,
Si on est en amourette
On la suit dans sa chambrette.
C’est c’qui peut s’nommer sans peur
Un mariage à la vapeur.

(4ème couplet)
Ma belle-mère veuve du troisième,
Depuis dix-sept ans passés
Vient d’ m’apprendre à l’instant même
Qu’elle allait se remarier.
Le futur est un homme de bronze
Né en l’an mille huit cent onze
Et je voudrais bien savoir
S’il pourra faire son devoir.

(5ème couplet)
Pendant que le mari turbine,
Souvent le rentier d’à côté
Rend visite à la voisine
Pour lui tenir société.
Dans la chambre de derrière
On fait chauffer la cafetière
Pour mettre en ébullition
La petite conversation.


                                  * A la flan :  ce qui est mal fait,  pas sérieux.

* Zan  : confiserie de réglisse forte, très noire et dure
créé en 1862, marque  ZAN déposée en 1884.
Conditionnée en tablette ou en bâton dont on coupe des bouts.

*Mominette argot vieilli, dérivé de môme : petit verre d’absinthe.

*Purotin : Homme dans la misère (dans la purée), fauché.

* Monaco : Ancienne monaie de la principauté de Monaco.

*Conjungo : conjugalité,  par plaisanterie "mariage"



liste des chansons

Marquise ou

                                               Grisette* et Marquise

(1er couplet)
Mignonne vous souvenez-vous
De la maison blanche à Suresnes
Où je vous donnais rendez-vous
Là-bas tout au bord de la Seine.
Vous y veniez le cœur joyeux
En simple bonnet de grisette,
Et près de mon cœur amoureux
Vous sentiez bon la violette.

(refrain)
En ce temps-là vous aviez pour blason
Vos yeux azur et vos lèvres cerise
Mais vous aviez mes baisers pour fleuron
Mais vous aviez mes baisers pour fleuron
En ce temps-là, En ce temps-là, vous n’étiez pas marquise

(2ème couplet)
En ce temps-là vous mettiez encore
Votre robe de mousseline,
Vous n’aviez pas de cercles d’or
Au talon de votre bottine.
Je vous aimais bien autrefois
                   sans talons d’or ne vous déplaise. (d'amants)

Et nous allions le long des bois
Au mois de mai cueillir la fraise.

(3ème couplet)
Vous aviez de si blanches dents
O ma mignonne bien aimée.
Vous y veniez comme au printemps
Toute rose, toute embaumée,
Vous y veniez dès le matin.
En été par le temps superbe
Nous allions déjeuner sur l’herbe.

(4ème couplet)
Maintenant sous vos petits pieds
Vous avez des tapis ma chère
Et vous regrettez les sentiers
Ou nous allions courir la belle.
La richesse a su vous charmer
Mais notre vie était si douce,
Mignonne il est si bon d’aimer
Au clair de lune sur la mousse.

  (dernier refrain)
Si j’étais roi je prendrais pour fleuron
Vos yeux  d’azur et vos lèvres cerise.
Vous n’avez plus mes baisers pour fleuron
Vous n’avez plus mes baisers pour fleuron
Mignonne adieu ! Mignonne adieu ! car vous voilà Marquise
.

* Grisette

*Grisette parisienne

>
liste des chansons

Martha

(1er couplet)
Martha blonde à l’œil bleu,
Bel ange que j’adore,
Il faut nous dire adieu
Bientôt je vais partir.
De l’anglais courroucé
Le canon gronde encore,
Mon devoir est tracé
Il faut vaincre ou mourir.

(refrain)
Inquiet de l’avenir
Mon pauvre cœur se brise,
Garde mon souvenir.
Si je ne reviens pas,
De mon dernier soupir
L’écho suivra la brise
Annonçant mon trépas.
Adieu chère promise.

(2ème couplet)
Plus d’un jour s’est passé
Dans l’attente cruelle
Est-il mort ou blessé ?
Se demande Martha.
Aucun vent du lointain
N’en connait la nouvelle,
Nul ne sait le destin
Qu’a subi son soldat.

(3ème couplet)
Or Martha certain soir
Priait dans la chapelle
Où son grand désespoir
L’amenait nuit et jour.
Un homme arrive,
Ouvrant à peine la prunelle
Il tâtonne en marchant,
Dieu que son pas est lourd.

(4ème couplet)
Cet aveugle est l’ami
De Martha, le beau Pierre.
Courant à lui
Elle dit : ne crains pas
De tout perdre aujourd’hui,
Moi je vois la lumière,
A diriger tes pas
Je voue ma vie entière.


liste des chansons

La mère aveugle

(1er couplet)
Tout en filant votre lin,
Ecoutez-moi bien, ma fille,
Déjà votre cœur sautille
Au nom du jeune Colin.
Craignez ce qu’il vous conseille,
Quoique aveugle…je surveille ;
A tout je prête l’oreille,
Et vous soupirez tout bas.
Votre Colin est un traitre ...
Mais vous ouvrez la fenêtre.
Lise, vous ne filez pas. (bis)

(2ème couplet)
Il fait trop chaud, dites-vous ;
Mais par la fenêtre ouverte,
A Colin, toujours alerte,
Ne faites pas les yeux doux.
Vous vous plaignez que je gronde :
Hélas ! Je fus jeune et blonde,
Je sais combien dans ce monde
On peut faire des faux pas.
L’amour trop souvent l’emporte…
Mais quelqu’un est à la porte;
Lise, vous ne filez pas ! (bis)

 (3ème couplet)
C’est le vent, me dites-vous,
Qui fait crier la serrure ;
Et mon vieux chien qui murmure
Gagne à cela de bons coups.
Oui, fiez-vous à mon âge :
Colin deviendra volage
Craignez si vous n’êtes sage,
De pleurer sur vos appas...
Grands dieux ! Que viens-je d’entendre ?
C’est le bruit d’un baiser tendre ;
Lise, vous ne filez pas ! (bis)

(4ème couplet)
C’est votre oiseau dites-vous,
C’est votre oiseau qui vous baise ;
Dites-lui donc qu’il se taise,
Et redoute mon courroux.
Ah ! D’une folle conduite
Le déshonneur est la suite ;
L’amant qui vous a séduite
En rit même entre vos bras.
Que la prudence vous sauve...
Mais vous allez vers l’alcôve ;
Lise, vous ne filez pas ! (bis)

(5ème couplet)
C’est pour dormir, dites-vous,
Quoi ! Me jouer de la sorte !
Colin est ici, qu’il sorte,
Ou devienne votre époux.
En attendant qu’à l’église
Le séducteur vous conduise :
Filez, filez, filez, Lise,
Près de moi, sans faire un pas.
En vain votre lin s’embrouille
Avec une autre Quenouille,
Non, vous ne filerez pas ! (bis)


liste des chansons

Mignon

                                                     ou  Elle avait un joli nom

                                                ou  Ninon   ou  Le joli nom de Ninon

ou  La petite Ninon   ou  La chanson de Ninon


(1er couplet)
J’ai connu une fille brune
Que j’aimais bien tendrement,
Cet amour que j’aimais tant
N’a duré qu’un clair de lune.
Elle avait un joli nom,
Le joli nom de Mignon. (bis)

(2ème couplet)
L’autre jour, dans la vallée,
A travers les sentiers perdus,
J’ai baisé ses jolis pieds nus
Tout humides de rosée.
              J’ai gravé dans un buisson (ou sillon)
Le joli nom de Mignon. (bis)

 (3ème couplet)*
Un matin, je l’ai revue,
Elle revenait du bois,  
Mais ce n’était plus sa voix
Ni sa tournure ingénue,
Elle avait bien la chanson
Du vilain nom de Mignon. (bis)

(4ème couplet)*
Aujourd’hui la fille brune,
A des robes de velours,
Elle en change autant de jour
Que le ciel change de lune.
Mais elle n’a plus son joli nom
Son joli nom de Mignon  (bis)


 Cette chanson, aux multiples variantes,

présentée comme une chanson savoyarde
  figure traditionnellement
au répertoire des sonneurs de trompe.

Plus connue sous le titre et avec le nom : NINON.
Cette confusion tient certainement au fait que
dans la version originale éditée en 1885

il est question :
du joli nom de Mignon dans les 2 premiers couplets
et du vilain nom de Ninon dans les 2 derniers.

 


liste des chansons

Mon Hélène (Ô, ...)

(1er couplet)
Je n’avais que dix-huit printemps,
Loin du souci, loin de la peine,
Quand je connus amoureusement
Une blonde du nom d’Hélène.
Elle me payait du retour
En me prodiguant sa tendresse
Et voilà pourquoi nuit et jour
Je répétais sans cesse :

(refrain)
O mon Hélène
Au front de reine
Je t’en supplie entends ma voix
Elle t’implore
Car je t’adore
Et donnerais ma vie pour toi.
Crois moi je t’aime
D’amour extrême
Si tu veux accepter mon cœur
Nous connaitrons le vrai bonheur
O mon Hélène

(2ème couplet)
Au retour des belles saisons,
Main dans la main, le cœur en fête
Nous allions parmi les buissons
Ecouter chanter la fauvette.
Loin des regards, loin du danger
Des bois, sous la voûte sonore
Après l’échange des baisers
Je répétais encore :

(3ème couplet)
Mais un jour, fallut partir
Au service de la patrie.
Adieu mes projets d’avenir
Car dans l’attente l’on oublie.
Loin d’elle hélas, au régiment
J’étais heureux de lui écrire
Lui rappelant tous nos serments
Sans cesser de lui dire :

(4ème couplet)
Mais un jour, quel triste tableau,
Hélène, infidèle vestale,
Avec un riche jouvenceau
S’enfuyait vers la capitale.
Et le soldat à son retour
Ne trouvant plus sa fiancée
Perdant l’espoir avec l’amour
Disait l’âme brisée

(dernier refrain)
Maudite Hélène
A toi ma haine
Et mon dédain et mon mépris.
Puisqu’une femme
Brise mon âme
Les coupables seront punis,
Car la vengeance
Viendra je pense
Soulager un peu mon  malheur
Prends garde à toi femme sans cœur
Maudite Hélène.

liste des chansons

Mon meilleur copain

(1er couplet)
On était du même village
On s’était connu tout gamin.
Quelques temps après notre tirage,
On se retrouva tous les deux biffins*.
C’était un gars, un vrai colosse,
Un de ceux qui n’ont jamais peur,
Près de lui je semblait qu’un gosse,
Mais bon Dieu qu’il avait bon cœur.

(refrain)
C’était mon meilleur copain
On parlait souvent du patelin,
Quand je lui causais de sa vieille Maman
                                  Je le faisais pleurer bien souvent. (3 mots illisibles)
Pendant les marches quand ça chauffait,
Prenant mon sac, il le portait
Longtemps, longtemps sur le chemin,
C’était mon meilleur copain.

(2ème couplet)
Ensemble on tira une année.
Je connus en me promenant
Une blonde aux mèches bouclées
Fraiche comme un jour de printemps.
Quand un jour un sergent, une rosse,
S’écria devant moi soudain :
Tient, elle est jolie la gosse,
Trop jolie pour un simple biffin*.

(2ème refrain)
C’était mon meilleur copain,
Il répond : faut pas faire le malin
Croyez sergent qu’un simple pioupiou
Possède un cœur tout comme vous.
Le sergent souriait moqueur,
Et lui pour sauver son honneur
Sur son chef il leva la main,
C’était mon meilleur copain.

(3ème couplet)
Il passa au conseil de guerre
Il a filé à Biribi*
Bien loin, bien loin de sa vieille mère,
Comme un forçat il est parti.
Deux ans bon Dieu comme ça passe,
Demain je serai libéré,
Lui aussi serait de la classe
        Dire que c’est pour moi qu’il a fauté. (est)

(3ème refrain)
C’était mon meilleur copain,
Et puisque je retourne au patelin
Et que lui ne reviendra pas,
Près de sa mère je remplacerais son gars.
Puisque c’est pour moi qu’il est parti
Je ferais ce qu’il faisait ici
A sa mère je donnerais du pain,
C’était mon meilleur copain.

*Biffin : fantassin
*Biribi : bagne situé en Afrique du nord alors colonie Française.


liste des chansons

Mon pauvre gosse

                           (ou Mon gosse)

(1er couplet)
Quand je t’ai rencontré tu étais tout bonnement
Employé dans un ministère.
Tu gagnais je crois douze cent francs par an
T’avais pas l’air d’un millionnaire.
Tu m’as dit : je t’aime, je veux que tu sois à moi,
Pour vivre tous deux il nous faut pas grand-chose,
Et dans mon petit lit tu seras comme chez toi,
Nous y ferons ensemble de beaux rêves roses.

(refrain évolutif)
Un roman d’amour
Ça commence toujours
Par des belles promesses.
Un soir de printemps,
Lorsqu’on a vingt ans,
On veut une maîtresse.
Le cœur est grisé,
On est emballé,
On la trouve jolie,
Et dans un baiser
On jure de l’aimer
Toute la vie.

 (2ème couplet)
Nous vivions ensemble depuis bientôt deux ans
Il y avait six mois que j’étais mère
Quand tu m’as quittée un soir brusquement
En me disant : débrouilles-toi ma chère.
T’avais de l’ambition, tu voulais te marier
  Ça te gênait beaucoup d’avoir un collage.
ici il manque les 2 vers suivants:
Tu m'as sacrifiée, oh! sans hésiter,

     Pour faire une lacheté, l'homme a du courage.  

(2ème refrain)
Je t'ai dit tristement :
Si tu me quittes maintenant,
mon gosse n’a plus de père.
Tu m’as répondu :
cette chose-là vois-tu,
c’est pas mon affaire.
Mon cœur s’est brisé
et je te méprisais,
en te voyant si rosse.
Je suis parti de chez toi,
emmenant avec moi
mon pauvre gosse.

 (3ème couplet)
Dix ans sont passés, tu m’écris maintenant
Disant que t’as des remords de conscience ;
Tu viens de me proposer d’enlever mon enfant
Pour assurer son existence.
Tu me crois donc comme toi un être sans cœur,
Ce que tu me demandes-là c’est une folie
Te donner mon gosse ! C’est mon seul bonheur,
C’est mon seul espoir, c’est toute ma vie.

(3ème refrain)
Pour lui j’ai pleuré,
pour lui j’ai passé
des nuits de souffrance,
J’ai donné mon sang
pour avoir seulement
un peu d’espérance.
Mais aussi maintenant
pour garder cet enfant
Je deviendrais féroce
Moi tant que je vivrais,
tu n’auras jamais
mon pauvre gosse.

Le texte de cette chanson est écrit d’une autre main.
Suit la mention : « fait à Clermont Ferrant le 29 novembre 1908 »
 Et c’est signé   :  Colas


Nina

(1er couplet)
Nina, je suis amoureux,
Napolitain aux beaux yeux,
Comme le Vésuve, j’ai dans le cœur
Tout plein de chaleur.
Cette nuit, veux-tu mon trésor,
Regarder les étoiles d’or ?
Même la comète apparaitra
Quand tu voudras.

(refrain)
Viens avec moi Nina quand le soleil se couche
Voir Jupiter qui se lève et la lune qui louche,
T’auras Nina
Mes yeux, mon cœur, ma bouche,
Je te dis pas pourquoi
Mais t’auras bien mieux que ça, Nina.

(2ème couplet)
Nina t’as beaucoup d’amants
Qui te content des boniments
Te promettant tous les chichis
Du paradis.
L’un te propose un bon plat
De ravioli délicat,
Mais moi j’ai du macaroni
Bien plus beau que lui

(3ème couplet)
Un Raphaël rigolo
Voudrait te faire un tableau,
Mais ce rapin veut simplement
Te faire un  enfant.
Moi seul je ferai ton portrait
Tu peux choisir ce qui te plait
Peinture à l’huile, peinture à l’eau,
Prends mon pinceau.

(4ème couplet)
Rinaldo pelote tes petons,
Pietro caresse tes nichons,
Le vieux Salvator chaque matin
Te baise la main.
Ah ! Ce que c’est bon, un baiser
Mais ils ne savent pas t’amuser,
            Ils ne trouvent pas ces maladroits, (c'est)
Le bon endroit.

(5ème couplet)
Nina, tu marches gentiment
Taille fine et croupe de jument,
Tout ça se dandine, c’est très joli,
Tangage, roulis.
Hélas ! La jeunesse en fleur
N’a pas le parfait bonheur,
                         Il te manque quelque chose, c’est un petit rien, (> 9 pieds)
Je te le donnerais bien.

(6ème couplet)
En chantant sous ton balcon,
Je me dis : faut-il que je sois bon,
Peut-être qu’un rival, dans ton plumard,
Me fais cornard.
Si tu me cause du chagrin,
Je prends l’express pour Turin,
Je vais, désolé comme Roméo,
Me noyer dans le Pô.


Suit la mention :  «copiée à l’infirmerie du 92ème
A Clermont-Ferrand   Puy-de-Dôme.
Encore 660 jours à faire et fuite »



Nina la belle

(1er couplet)
Si vous rencontrez, un jour de printemps
Dans les près fleuris, une jeune fille
Aux grands yeux rêveurs, aux cheveux flottants,
Dont le tendre cœur bat sous la mantille,
Songez que c’est Nina,
Ma Nina, ma reine,
Ma souveraine,
Dont l’amour m’enchaine.
Songez que c’est Nina
Ma Nina, ma reine,
Qui vient en ce jour
Rêver d’amour.

(2ème couplet)
Si vous rencontrez par un soir d’été
Un ange d’ivresse et de volupté
Qui s’en va chantant au clair des étoiles,
Sachez que c’est Nina,
Ma Nina, ma reine,
Ma souveraine,
Dont mon âme est pleine.
Sachez que c’est Nina,
Ma Nina, ma reine,
Qui vers la fin du jour
Attend l’amour.

(3ème couplet)
Si vous rencontrez, une nuit d’hiver
Sous les bois qui pleurent à la froide bise,
Une ombre qui suit un sentier désert,
Ne lui dites pas que mon cœur se brise.
Car ma tendre Nina,
Ma Nina, ma reine,
Ma souveraine,
S’en va l’âme en peine.
O ma tendre Nina
Ma Nina, ma reine,
Pourquoi chercher toujours
D’autres amours ?


Les Noces de Madeleine

(1er couplet)
Dans un moulin de la blonde Loraine,
Au bord d’un bois, vers la fin de l’été,
Le meunier, Jean, mariait Madeleine
Avec Marcel son heureux fiancé.
Tous deux s’aimaient déjà depuis l’enfance,
Un doux sourire illuminait leurs yeux
Et le moulin, en ce jour d’espérance,
Retentissait de leurs rires joyeux.

(refrain)
Le soleil caressait la plaine,
Les fauvettes, dans les buissons,
Les rossignols et les pinsons
Disaient leurs plus douces chansons.
                              Pour les noces de Madeleine  (vers manquant)

 (2ème couplet)
Mais tout à coup, un bruit de fusillade
Vient d’éclater :  Un bataillon français.
A, près de là, surpris une embuscade,
La poudre gronde au fond du bois épais
Par la fenêtre, une balle ennemie
Entre en sifflant et va frapper soudain
Le vieux meunier, qui, la face palie,
Chancelle et tombe au milieu d’un refrain.

 (3ème couplet)
Se saisissant d’un vieux fusil de chasse,
Marcel, alors, pour venger le meunier,
Tire sans trêve et couche sur la place
Chaque ennemie que son œil peut viser.
Mais les français ont cédé sous le nombre,
Par les vainqueurs, le moulin est cerné,
Marcel est pris et leur chef d’un air sombre
Lui dit : c’est bien tu seras fusillé.

(4ème couplet)
Quand vint le soir, devant le capitaine,
Marcel parut. Le chef lui dit tout bas :
Tu dois connaitre et les bois et la plaine
Sers-nous de guide, à ce prix tu vivras.
Mais relevant son front plein de vaillance,
Il répondit : mon sort m’importe peu,
Plutôt la mort que de trahir la France.
Feu donc soldats !  Oh,  Madeleine adieu !

(dernier refrain)
Un éclair sillonna la plaine,
Marcel, debout, tomba sans peur
Et le sang rosé de son cœur
S’en alla rougir une fleur
Du bouquet blanc de Madeleine.
 

Ce texte d’une autre écriture est signé :   Manard G.


Le Noël des gueux

(1er couplet)
Bon laboureur, debout, le jour se lève
Et du soleil bientôt le disque d’or,
De tes épis va réchauffer la sève.
Viens saluer le Dieu de messidor.
Par les sillons, les garçons et les filles,
Troupeau joyeux, s’en vont en liberté
Sous le ciel bleu, couper de leurs faucilles
Le blé qui doit nourrir l’humanité.

(refrain évolutif)
Chante paysan, que ta voix puissante,
En accents joyeux, monte vers le ciel.
La moisson parait belle et florissante.
Chante paysan, c’est noël, c’est Noël.

(2ème couplet)
Pauvre mineur qui descend dans la houille
Sans t’occuper quel sera ton destin,
Comme un damné, pour vivre ta main fouille
Un puits obscure et toujours incertain.
A ton foyer, ta brave ménagère
T’attend le cœur hélas! bien anxieux
Hors du tombeau, renais à la lumière,
Voici dimanche, le jour aux malheureux.

Ici, il manque 4 pages du cahier, voici le texte manquant :

(deuxième refrain)
Chante, noir mineur, que ta voix s'élance
En accents joyeux montant vers le ciel
Dimanche est pour toi jour de délivrance
Chante, noir mineur, c'est Noël, c'est Noël !

(3ème couplet)
Vaillants soldats aux lauriers éphémères
Qui contemplez vos milliers de drapeaux
La guerre, hélas ! fait pleurer bien des mères
Assez de sang, de deuils et de tombeaux !
Dans l'avenir, une aurore meilleure
Sur le passé jetant un voile épais
Se lèvera pour sonner enfin l'heure
Où régnera l'universelle paix

(dernier refrain)
Chante, fier soldat, que ta voix altière
En accents joyeux monte vers le ciel
Et, les yeux fixés vers notre frontière
Fier soldat, attends, c'est Noël, c'est Noël !


liste des chansons

Ô, Charlotte

(1er couplet)
Charlotte le soleil rayonne
Et nous annonce un beau jour.
Le coq a chanté mignonne,
Viens avec moi faire un tour
Dans les prés, voir ma chérie
Cet arbre couvert de noix
Dont la grande branche qui plie
Semble dire : chargez-moi.

(refrain)
Ô, Charlotte,
Viens donc gauler dans les champs
Tends ta hotte
Que j’y mette des noix dedans.

2ème couplet)
Dès que j’aurais rempli ta hotte
Nous nous reposerons un instant
Puis tu soulèveras ta cotte
Afin que j’abatte le restant.
Dans les plis de ta jupe rose
Nous ne pourrons entasser tout
Mais nous mettrons bien quelque chose
Dans ton petit vêtement du dessous.

(3ème couplet)
  Elle lui prête jusqu’à sa chemise,
Puis ils se cachent dans un fourré.
Quand soudain la barbe grise
Du garde champêtre apparait.
Ah ! j’ai honte dit la pauvrette
                                Mais l’amant répond aussitôt :  (« prend  sitôt» )
Allonge-toi sous moi fillette
Le vieux ne verra que mon dos.

(4ème couplet)
Le garde champêtre était brave homme,
Il se dit en soupirant :
Ce sont des amoureux en somme
Etant jeune j’en faisais autant.
Mais l’histoire se corse, que diantre !
Un garçon au bout de neuf mois
Vint au monde ayant sur le ventre
Une belle branche et deux petites noix.


liste des chansons

L'oreille à Jules

(1er couplet)
Ma chère Ursule, depuis huit jours
Je suis dans les pioupious de France.
Je me lève au son du tambour
Je vis de soupe et d’espérance.
Je t’écris pourtant le cœur gros
Car le caporal sans préambule
M’a dit : que demain à huis clos
Faudra tirer l’oreille à Jules*.

A huis clos, je ne comprends pas
Des mots savants mais je suppose
Ce Monsieur Jules est fort gas,
S’il va trouver mauvais la chose…
Je dois marcher, c’est le devoir,
Il faut étouffer ses scrupules
J’ai peur, je crains de ne pouvoir,
Seigneur, tirer l’oreille à Jules.

Que le sergent de la semaine, un grand sec
Qui a les yeux comme du fromage
M’a crié espèce de blanc bec
                                Demain tu verras les anglaises   (ça ne rime pas ! )
Loutalos*, faudra t’aligner.
Je te fiche dedans si tu recules.
             Mais prends garde de la faire saigner      (te)
Entends-tu, bleu, l’oreille à Jules.

L’adjudant ensuite est venu
Suivant un ordre hiérarchique
Et m’a grogné : c’est convenu
Loustalos*, demain, à la barrique
On compte sur ton dévouement
T’as bon nez, t’es fort comme un hercule,
Tu sauras tirer proprement,
Au petit jour, l’oreille à Jules.

Suit un dessin "osé" signé Mallet Joseph

Tirer l’oreille à Jules  (ou à Thomas)
ou "pincer les oreilles à Jules"
ou  "enlever Jules"

* Loustalos  mot probablement d'origine occitane

  * Lou talos peut signifier en occitant l'imbécile, le maladroit


liste des chansons

Oublions le passé

(refrain)
J’oublierai le passé, reviens !
Ma douleur, comprends-le, fut extrême
De t’avoir vu briser le lien
D’un bonheur que tu disais suprême.
J’ai souffert, nul ne sait combien.
Je devrais te haïr et …je t’aime
Ainsi qu’aux premiers jours,
C’est toi mon seul amour,
Oublions le passé, reviens,
Mimi reviens !

(1er couplet)
Afin d’effacer de mon âme en détresse,
Le doux souvenir de tes folles caresses,
J’ai cherché l’oubli dans le plaisir
Pour calmer mon désir.
Mais dans les bras d’autres maîtresses
Je pense à toi sans cesse.

(2ème refrain)
……
Mimi reviens !
Oui par pitié reviens !

(2ème couplet)
Pour ne plus penser à celle que j’adore,
Autant qu’autrefois et davantage encore,
Dans l’orgie, alors l’esprit ???du,
Toutes les nuits j’ai bu.
Mais hélas ! Même dans l’ivresse
Je te revois sans cesse.

(3me refrain)
……
Mimi reviens !
Mimi reviens !,
Reviens !

Suit la mention : « Frédéric Mallet
                                       88 rue Quinquanpois Paris »
Il s’agit de la rue Quincampoix


La petite dame des P.T.T.

(1er couplet)
Un jeune homme très bien, faisait Tout dernièrement
Poser le téléphone dans son appartement.
Mais sans que la chose pût s’expliquer,
Le système était toujours détraqué.
Comme il ne devait rien sur sa contribution,
 Il se rendit un jour à l’administration,
Auprès des demoiselles
De la rue de Grenelle
Pour y déposer sa petite réclamation.
Il attendit bien
Deux heures dans son coin,
Après quoi l’une d’elles prit son affaire en main.

(1er refrain)
C’est une demoiselle qu’est dans les P.T.T.
Elle est la coqueluche de tous les abonnés
Car Jamais elle ne ronchonne
Quand son appareil fonctionne.
Lorsqu’on lui demande la communication
  Elle est toujours prête à la conversation,
Elle n’attend même pas qu’on sonne
Pour appuyer sur le bouton.

(2ème couplet)
C’était une brunette aux grands yeux séduisants
Et comme elle parlait d’un ton très obligeant
Le jeune homme trouva qu’elle possédait
Un très joli timbre et du cachet.
Dans mon appareil, il y a voyez-vous
Quelque chose qui cloche, dit-il, je ne sais pas où.
C’est une bagatelle
Et je suis sûr, mademoiselle,
Que vous verriez ça chez moi du premier coup.
Elle baissa les yeux,
rougit un petit peu
Puis répondit : c’est entendu Monsieur.

 (2ème refrain)
C’est une demoiselle qu’est dans les P.T.T.
Elle est la coqueluche de tous les abonnés,
Car dans les cas difficiles
Elle opère à domicile.
Pendant qu’Il tenait le récepteur en main,
Elle tâtait les fils, disant d’un air malin :
C’est la faute à votre fil
Si ça ne marche pas bien.

(3ème couplet)
Faut croire qu’elle avait tout à fait mis le doigt dessus
Car le lendemain, le jeune homme tout ému,
Pouvait à son gré, mille fois par jour,
Lui téléphoner des mots d’amour.
Y’ avait pas d’danger qu’elle s’amuse à l’couper,
Aussi prenait-il plaisir à lui conter
Tant d’calembredaines*
Qu’au bout d’une semaine
Il lui proposait sérieusement de l’épouser.
Elle ne lui dit pas non,
Mais à condition
Qu’elle quitterait tout de suite l’administration.

(3ème refrain)
C’est une demoiselle qu’est dans les P.T.T.
Elle lui dit mon cher je veux démissionner
La besogne est fatigante.
Moi qui parle trois langues vivantes
Je m’suis plainte au chef  qui m’a dit : après tout
Vous parlez trois langues, de quoi vous plaignez-vous ?
On vous don ’ra quatre francs cinquante
Ça met la langue à trente sous !

(4ème couplet)
Quand ils furent mariés, elle lui dit gentiment :
Tu n’as plus besoin je crois d’un abonnement.
C’que tu peux souhaiter comme numéro
Tu sais bien que j’l’ai sur mon réseau !
C’est assez d’sonneries comme ça, puisqu’à présent
Tu causes tant que tu veux sans payer d’abonnement
T’as qu’à faire un signe
Pour qu’on t’laisse la ligne !
Ça fait que nous avons le contact à tout moment,
Depuis qu’t’es mon mari
Ah ! Je comprends chéri
Le télégraphe sans fil… et le téléphone aussi.

(4ème refrain)
C’est une demoiselle qu’est dans les P.T.T.
Et comme son mari s’amuse à la chiner*
Sur sa profession ancienne,
Elle lui dit : mon pauvre Etienne
Moi quand j’te demande la communication,
Faut qu’j’attende une heure, Je trouve que c’est vraiment long
Et encore j’obtiens à peine
Un petit bout d’ conversation.


Suivent les mentions  : "faite par Augustin(e?) le 25 juillet 1908"
puis : "Frédéric Mallet à Paris 47 rue Mazarine le 29 juillet 1908
"

*Calembredaines : histoires absurdes, extravagantes, sottises
*Chiner : railler, taquiner quelqu'un


liste des chansons

Pierrot chante et meurt

(1er couplet)
Pauvre Pierrot par sa belle éconduit
Sous sa fenêtre est venu cette nuit.
Sa voix tremblante, vers la méchante,
Triste s’envole, écoutez ce qu’il chante :
Malgré la bise, la neige et l’hiver,
C’est ton Pierrot tout de neige couvert
Qui sans rancune, dans la nuit brune
Revient ce soir chanter au clair de lune.
Comme l’oiseau que la clarté fascine,
Vers la lueur qui brille à tes carreaux
Je m’achemine, oh ! Colombine,
C’est ton Pierrot dont le cœur est bien gros.

(2ème couplet)
J’ai tant pleuré que mes yeux sont taris,
Si tu savais combien je suis épris
Chère infidèle, sois moins cruelle
C’est ton amant qui sanglote et t’appelle.
Oh ! Prends pitié, vois-tu, je souffre trop.
Ouvre la porte à ton pauvre Pierrot,
Tout m’abandonne, chère mignonne,
Qu’un mot de toi m’accueille et me pardonne.
Oh! Réponds-moi, que veux-tu que je fasse
Si c’est de l’or qu’il te faut, j’en aurai,
Parle de grâce, mon cœur se glace
Tu veux de l’or, et bien j’en volerai.

(3ème couplet)
Oh ! Pauvre fou, pauvre fou que j’étais
Le tendre amour qu’en mes vers je chantais
Joie ou tristesse, sincère ivresse,
C’était pour moi la suprême richesse,
Mon or à moi ruisselle à tes cheveux.
C’est désormais de l’or vrai que je veux
Hélas, j’affole, pour mon idole
Je veux ce soir détourner le pactole
Oh ! Oui, demain c’est ma seule ressource
Vers le couchant où tombe l’astre d’or
Je prends ma course, j’emplis ma bourse,
Et je reviens t’apporter mon trésor.

(4ème couplet)
Mais tiens, voici que le ciel indulgent
Déjà m’envoie un petit peu d’argent
Et je me penche, car sur ma branche
J’ai vu tomber une piécette blanche
C’est de l’argent qui tombe, attends un peu
Je reprendrai ma place au coin du feu.
Mais le temps passe, l’argent s’entasse
Profitons-en regarde, j’en ramasse,
Attends un peu j’emplis mon escarcelle
Je serai riche et t’aimerai beaucoup
Mais je chancelle, il neige, il gèle
Il neige, il neige, oh ! Mon dieu j’étais fou.

(5ème couplet)
Alors Pierrot, livide et tout tremblant,
Les doigts crispés sur le sol dur et blanc,
Soudain s’affaisse, car sa richesse
Autour de lui voltige plus épaisse
Ses flocons blancs lui font un blanc linceul.
Mais cependant, Pierrot parle tout seul
Dans son délire, que veut-il dire ?
Sa lèvre hélas s’efforce de sourire,
Effeuille encore cette autre marguerite,
Murmure-t-il, effeuille jusqu’au bout.
Ah parle vite, chère petite,
Et dis-lui bien que je l’aimais beaucoup.

(6ème couplet)
Et sur ces mots : « dis-lui que je l’aimais »
Soudain ses yeux se ferment à jamais
Pierrot succombe, la neige tombe,
Pétales blancs effeuillés sur sa tombe.
Pauvre Pierrot par sa belle éconduit
Sous son balcon ne reviendra plus la nuit,
Car sous leurs ailes, deux anges frêles
Vers le ciel bleu l’ont emporté sans bruit.

 

Copiée d’une autre main (et sans fautes d’orthographe)
Suit la signature : Grimal Ernest
Copié le 20 octobre 1908 au 92ème d’infanterie
1ère compagnie, 15ème escouade
Encore 700 jours à faire.
Signé : Mallet ??


liste des chansons

Pour les filles-mères

(1er couplet)
Elle était bonne dans un petit restaurant.
Croyant encore l’amour des hommes sincère
Elle devint la maîtresse d’un client
Qui disparut, la voyant près d’être mère.
Les habitués disaient d’un ton narquois :
C’est singulier comme la bonbonne profite
Ici l’on mange des plats de premier choix,
L’air de Paris fait engraisser la petite.

(1er refrain)
Lorsqu’elle ne put cacher sa position,
Le patron lui dit étranglé de colère :
Vous avez mis la honte dans ma maison
Fichez moi le camp, je ne veux pas d’une fille-mère.

(2ème couplet)
Etant sans ressources, à la maternité
Elle vint demander, le cœur gros de souffrance,
Si l’on voulait la prendre par charité
Pendant quequ’ temps avant sa délivrance.
Venez dans deux mois, répondit l’employé
Lorsque viendra votre poupon qu’est en route
On vous gardera pendant neuf jours entiers
C’est bien assez pour le prix que ça vous coûte.

(2ème refrain)
Dans d’autres asiles, on lui dit brusquement
Vous êtes pas Paris , ah ! c’est une autre affaire
Adressez-vous à votre département,
Nous ne pouvons pas nous charger des filles-mères.

(3ème couplet)
Les ironies de l’administration
Faisant saigner le cœur de la pauvre gosse,
Et les voyous sans aucune compassion
Passaient près d’elle en riant de sa bosse.
A la mairie elle vint demander un secours
Le chef du bureau lui dit d’un ton farouche :
Vous êtes trop pressée, repassez un de ces jours
Quand vous serez relevée de vos couches.

(3ème refrain)
Si vous gardez votre enfant avec vous
On vous donnera deux langes et une brassière,
Un beau berceau d’osier de vingt-neuf sous,
Et de plus dix francs, c’est le tarif des filles-mères.

(4ème couplet)
Elle se dit je vais retourner voir mes vieux,
Peut-être qu’au village on sera plus charitable
Sans rien manger, des larmes plein les yeux,
Elle fit à pied la route interminable.
En arrivant sur la grande place, elle vit
Monsieur le Maire discourant d’une voix forte,
On couronnait la rosière du pays
A bout de forces la fille-mère tomba morte.

(4ème refrain)
Avant de chercher à donner de l’argent
Pour couronner la vertu des rosières,
Puisque la France réclame des enfants
Donnez d’abord du pain aux filles-mères.


liste des chansons

Près des cieux

(1er couplet)
Ce fut près des cieux, au sixième,
Que mon voisin me dit un jour :
O ma voisine je vous aime
Voulez-vous mon cœur sans détour ?
C’est ainsi que de ma chambrette
L’amour fit un nid d’amoureux,
Et de nos cœurs toujours en fête,
S’envole un refrain joyeux.

(refrain)
Toute petite est notre chambre
Mais en juillet comme en décembre
Les baisers s’envolent, volent, volent.
Les baisers s’envolent bien mieux
Les baisers s’envolent, volent, volent
Bien mieux
Quand on habite près des cieux.

(2ème couplet)
Chaque matin par la fenêtre,
Dans sa robe dorée, le soleil
Sans renoncer chez nous pénètre
Et préside à notre réveil.
Puis c’est la joyeuse fanfare
Des oiselets, gais troubadours,
Qui chantent pour nous sans guitare
L’hymen éternel de leurs amours.

(3ème couplet)
Sans nul souci du voisinage
Et sans crainte des indiscrets,
Les étoiles et les nuages
Seuls peuvent avoir nos secrets.
Que nous importe la fortune
Et tous les plaisirs d’ici-bas,
Nous rêvons au clair de lune
De choses…que l’on ne dit pas.

(4ème couplet)
Aimons, aimons, il vient si vite
Le temps où le cœur est glacé,
Où plus rien en nous ne palpite
Que le souvenir du passé.
Et quand la neige des années,
Hélas blanchira nos cheveux
Comme des fleurs qu’elle a fanées,
Nous répèterons tous les deux :



liste des chansons

Puisque vous êtes avocate

(1er couplet)
L’autre jour, chez une avocate,
Un jeune homme se présenta
Et, dans une langue qui flatte,
De sa visite, il s’excusa :
- Pardonnez-moi, Mademoiselle
D’entrer dans votre cabinet
Et ne soyez pas trop cruelle
Si de suite, j’arrive aux faits.

(refrain)
Puisque vous êtes avocate
Voudriez-vous plaider pour moi
Dans une cause délicate
Où l’amour est de bonne foi ?

 (2ème couplet)
- Parlez, Monsieur, je vous en prie
Répond la belle en souriant
Si contre nous parfois l’on crie,
Nous n’avons pas le cœur méchant.
Parlez-moi donc de votre affaire
Dites bien tout, ne cachez rien
Et si je puis vous satisfaire…
- Vous le pouvez.  - Par quel moyen ?

 (3ème couplet)
Vous êtes belle autant qu’aimable,
Et votre cœur est généreux ;
Car sans cesser d’être adorable,
Vous plaidez pour les malheureux.
Mais aujourd’hui, c’est autre chose,
C’est de vous seule qu’il s’agit
Et si vous défendez ma cause,
Je deviendrais votre mari.

(4ème couplet)
- Diable, Monsieur, la chose est grave
Car vous savez que mon devoir,
Est de rester toujours esclave
De mes clients matin et soir.
- Mais la nuit reste à vous, je pense,
Cela suffit pour les époux,
Et ce sera la récompense
De vos travaux beaucoup moins doux.

(5ème couplet)
- C’est malgré moi que je m’incline
Devant d’aussi beaux arguments,
Mais votre cause est si divine,
Que de grand cœur, je la défends.
- Merci de me l’avoir gagnée,
Dit le jeune homme très heureux.
Et dans la nuit de l’hyménée,
On entendit ce chœur joyeux :

(dernier refrain)
Prenez une femme avocate
Quand vous voudrez à votre tour,
Dans une affaire délicate,
Plaider la cause de l’amour.


liste des chansons

Quand l'amour meurt

(refrain)
Lorsque tout est fini,
Quand se meurt votre beau rêve,
Pourquoi pleurer les jours enfuis,
Regretter les songes partis ?
Les baisers sont flétris,
Le roman vite s’achève,
Pourtant le cœur n’est pas guéri,
Lorsque tout est fini !

(1er couplet)
On fait serment en sa folie
De s’adorer longtemps, longtemps…
On est charmant, elle est jolie,
C’est par un soir de gai printemps.
Mais un beau jour, pour rien, sans cause,
L’amour se fane avec les fleurs.
Alors, on reste là, tout chose,
Le cœur serré, les yeux emplis de pleurs.  (les yeux)

(2ème couplet)
Adieu printemps, déjà l’automne
A dépouillé les prés, les bois,
Et votre cœur tout bas s’étonne
De n’aimer plus comme autrefois.
Au vent mauvais qui les emporte,
Nos regrets cèdent tour à tour,
Pourtant parmi les feuilles mortes
On cherche encore s’il reste un peu d’amour.

 (3ème couplet)
Le cœur, hélas, ne veut pas croire
Inquiet de l’avenir
Mon pauvre cœur se brise,

Que son beau rêve s’est glacé,
Et c’est en vain que la nuit noire
S’étend bientôt sur le passé…
Plus la douleur se fait lointaine,
Et plus s’avive sa rancœur
Et c’est pour nous la pire peine
De n’avoir plus qu’un vide au fond du cœur.

 (dernier refrain)
Lorsque tout est fini,
Inquiet de l’avenir
Mon pauvre cœur se brise,

Quand se meurt votre beau rêve,
Pourquoi pleurer les jours enfuis,
Regretter les songes partis ?
Les baisers sont flétris,
Le roman vite s’achève,
Et l’on reste à jamais meurtri,
Quand tout est fini !
Inquiet de l’avenir
Mon pauvre cœur se brise,


liste des chansons

Quand tout est fini

ou   Si l'on savait

(1er couplet)
Quand un soir
Sans espoir

Les amants ont quitté la chambrette,
Chacun dit :
c’est fini
Ne songeons à cette amourette.
Mais la nuit,
Dans le lit
Lorsque seul à dormir on s’apprête
Chassant le rêve et le souvenir
Qui viennent de s’enfuir,
On dit : C’est la leçon pour l’avenir.

(1errefrain)
Si l’on savait ce que c’est que l’amour
Et ce qu’il peut faire souffrir un jour,
Jamais on n’aimerait
Comme on l’éviterait.
Et cependant, lorsque sonne minuit
Et que les yeux vont se clore,
Aux traits maudits
qui sont enfuis
On rêve encore.

(2ème couplet)
Les bouquets,
Les billets
Que l’on conservait du cœur volage
Sont brûlés,
Déchirés.
C'est sur eux que l'on passe sa rage (vers abs.retrouvé)
Mais soudain,
Un écrin
De l’idole nous montre l’image.
A cette vue on songe aux douleurs
Qui germent dans les cœurs
On dit : jamais je n’aurai plus de pleurs

(2ème refrain)
Si l’on savait ce que c’est que l’amour
Et ce qu’il peut faire souffrir un jour,
Comme on l’éviterait,
Jamais on n’aimerait.
Mais cependant, au milieu des tisons
Lorsque la flamme dévore
Le médaillon,
des cheveux blonds,
On pleure encore.

(3ème couplet)
Tous trompés,
Tous dupés.
Les amants, ainsi que les maîtresses,
Ont au cœur
Les rancœurs
De la trahison de leur tendresse.
Et chacun
En commun
Ne croit pas aux sincères caresses.
Grâce à l’amour qui nous a meurtris
Les cœurs sont aguerris
Et nous pensons : nous sommes bien guéris.

(3ème refrain)
Si l’on savait ce que c’est que l’amour
Et ce qu’il peut faire souffrir un jour,
Comme on l’éviterait,
Jamais on n’aimerait.
Et cependant quand la voix du passé
Dans le lointain nous implore,
Adieu serments,
Comme à vingt ans
On aime encore.

(4ème couplet)
Oui c’est
moi
Qui pour toi
Viens redire d’une voix tremblante
Ces accents
Et ces chants
Qui rendaient nos lèvres frémissantes.
Je sais bien
Que plus rien
Ne peut unir nos âmes errantes.
Mais à quoi bon rester attristé
Puisque t’ayant chanté
Je crois revoir un rayon de gaité.

(4ème refrain)
Si l’on savait ce que c’est que l’amour
Et ce qu’il peut faire souffrir un jour,
Comme on l’éviterait,
Jamais on n’aimerait.
Et cependant, au milieu des grands bois,
Quand dans un songe d’aurore
Je te revois
Comme autrefois
Je chante encore.

Ce texte est suivi de la mention :
"Encore 1380 gamelles et la fuite sans se le faire dire."

(A raison de 2 gamelles par jour
il reste encore près de 2ans de service militaire à faire.)


liste des chansons

Les
regrets de Mignon

(1er couplet)
Mignon, sur la rive étrangère
Regardant voler un oiseau,
Lui dit tout bas dans sa prière :
Si tu t’en vas vers le hameau
Si tu t’arrêtes sur le chêne
Qui verse l’ombre à la maison
De laquelle mon âme est pleine,
Dans ton chant jette-lui mon nom.

(refrain)
Sous ton aile emporte mon cœur
Vers les rives de ma patrie.
Que ta chanson  dise à la fleur
Naissant au bord de la prairie,
Que loin d’elle Mignon* se meurt,
Que loin d’elle Mignon* se meurt.

(2ème couplet)
Hirondelle sur une branche
Repose-toi pour écouter
Sonner la cloche du dimanche,
Et quand tu l’entendras tinter,
Aux compagnes de mon enfance
Qui passeront auprès de toi,
Pour éveiller leurs souvenances
Que ta chanson parle de moi.

 (3ème couplet)
Lorsque du ciel où je suis née
Hirondelle tu reviendras
Avec l’avril
d’une autre année,
Si tu ne me retrouves pas,
C’est que froide comme le marbre,
Mignon, le cœur inanimé,
Reposera sous les grands arbres
Loin de son pays tant aimé.


* Dans le cahier figure un dernier refrain
Où le prénom de MIGNON
Est remplacé par FREDERIC !

Il est précisé à la fin de la chanson :
Au 92ème de lignes à Clermont
Ferrant 1
ère compagnie
 à la salle d’infirmerie


liste des chansons

Le rêve du poitrinaire

 ou le dernier baiser  

            (1er couplet)
Ninon qui veille son amant
Dans sa demeure,
A son chevet bien tristement
Gémit et pleure.
Lorsque
les feuilles vont tomber,
Aux jours d’automne,
Le malade va succomber,
Pauvre mignonne.

(2ème couplet)
Viens, dit l’amant, chère Ninon
Donner ta lèvre ;
Ton baiser si doux et si bon
Calme ma fièvre.
Je guérirai va c’est certain,
Sèche tes larmes.

(3ème couplet)
Le docteur a dit c’est fini,
Plus de souffrance,
Pour toujours le mal est banni,
Douce espérance,
O bonheur fêtons le retour.
Mon cœur s’enivre,
C’est pour toi, c’est pour ton amour
Que je veux vivre.

(4ème couplet)
Puis nous irons, comme autrefois
Belle maitresse,
Pour nous aimer au fond des bois,
Pleins de tendresse.
Notre amour, o ma Ninon,
De nouveau charme,
Reprends ton rire et ta chanson
Adieu les larmes.

 

(5ème couplet)
Non, c’est un rêve, adieu Ninon
Douce colombe.
Je meurs en bénissant ton nom
Jusqu’à la tombe.
Ton pauvre cœur va se briser
Âme suprême,
Donne-moi ton dernier baiser.
Adieu je t’aime



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La Révolution

Ô toi Barbes, grand gens intrépide,
Qui fit trembler la puissance et l’État,
Au 15 mai
* tu nous servis de guide
Et l’on te vit au plus fort des combats
Ces vils despotes qui t’ont chargé de chaînes
Et t’ont traité comme un homme de rien.
Nous irons tous te chercher à Vincennes,
C’est le devoir de tout républicain. 

                    Ledru Rollin à la tête levée     (Bollieux)
Que tu es beau dans un jour de débat
Lorsque tu dis à toute l’assemblée :
La République, mais nous ne l’avons pas,
Le drapeau que tout Français vénère,
             C’est le manteau que le Christ a porté,   (porta)
Rendons hommage au brave Robespierre
ici il manque le vers suivant :
Et à Marat qui le fit respecter.

                Toi Louis Blanc, homme de grand génie,   (Leblanc)
Ici les 3 vers suivants sont peut-être d'un autre couplet
[Ta vie est belle, on ne peut y toucher.
Dans les prisons tu souffris pour tes frères
Mais les tyrans surent bien te venger.]
ils doivent être remplacés par ceux-ci:

Toi qu'on a vu aux jours de février*
Aux barricades sacrifier ta vie
Fraternisant avec les ouvriers.
Au 15 mai on te revit encore
Avec Barbes toujours combattant
             Pour déplacer ces gens qu’on abhorre.   (abolit)
Le drapeau rouge était au premier rang.


* Manifestation du 15 mai 1848
* Révolution du 24 février 1848


liste des chansons

Le rossignol du Rhin

(1er couplet)
Le rossignol de la vallée
Chantait sur le vert romarin
Quand il fut pris sous la feuillée
Par l’oiseleur du bord du Rhin.
Il est là dans la tour hautaine
Que l’aigle effleure dans son vol.
Et depuis j’erre l’âme en peine
Pleurant notre beau rossignol.

(refrain)
Cher messager de l’espérance
Ne chante plus dans ta captivité
Va mon beau rossignol de France}
                     Pleure tout bas ta liberté.     }     (Bis)

(2ème couplet)
Au bord de la verte Moselle,
Il a son nid dans l’herbe en fleur,
Mais ses petits et son oiselle
Sont morts de faim et de douleur.
Et malgré larmes et prières,
L’oiseleur garde dans sa tour
Celui qui charmait les clairières
Par sa douce chanson d’amour.

(3ème couplet)
Autrefois quand naissait l’aurore,
Il voyait dans l’air embaumé
Flotter le drapeau tricolore
Cet arc-en-ciel de l’opprimé.
Il entendait le frais murmure
Du vent, des ruisseaux querelleurs,
Puis au loin la voix grave et pure
Du clocher bleu de Vaucouleurs.

(4ème couplet)
Mais du pied de la tour altière,
Dis petit pâtre que vois-tu ?
Je vois venir une guerrière
Qui pour la France a combattu,
C’est Jeanne la fière Lorraine
Qui sous le soleil printanier
S’est mise en route par la plaine
Pour délivrer le prisonnier.

(dernier refrain)
Cher messager de l’espérance
Voici la fin de ta captivité
  Va revoir le beau ciel de France 
Jeanne te rend ta liberté.


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Sentinelle avancée

(1er couplet)
La neige tombe par rafales
D’un long linceul couvrant les bois
Et dans ces ombres sépulcrales
Le vent gémit à grande voix.
La sentinelle est sous les armes,
Prêtant l’oreille au grand bruit
Prête à jeter son cri d’alarme,
De son regard perçant la nuit.

(refrain)
Sentinelle avancée,
Toi qui veille là-bas,
Ce soir sous les feuillées
Tu ne reviendras pas.

 (2ème couplet)
Le froid lui glace le visage
Mais il ne doit pas faire un pas,
Le vent souffle avec rage,
Qu’importe, il garde nos soldats.
Sur l’armée il veille stoïque,
De lui peut venir le péril,
Il se dit, instant héroïque :
D’où l’ennemie surgira-t-il ?

 (3ème couplet)
Dans sa garde il songe sans trêve
Que peut-être la mort l’attend
Et son âme s’envole en rêve
Vers ses chers souvenirs d’enfant.
Il revoit sa mère adorée
Qui le caressait chaque jour
Et les yeux de sa fiancée,
Doux songe effeuillé sans retour.

(4ème couplet)
Mais quel bruit dans les taillis sombres !
Là-bas s’avance l’ennemie,
Sur la neige glissent des ombres,
Son appel strident retentit :
« A moi ! Courez aux avant-postes »
Et son fusil est épaulé,
Le héros tombe à la riposte
Mais le danger est signalé.

(dernier refrain)
Sentinelle avancée,
Toi qui veille là-bas,
Par la mort consacré
Tu sauves nos soldats !

Suit la mention : « Frédéric Mallet,
       encore 620 jours et la fuite. »

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Sérénade à Magalie

(1er couplet)
Le soleil a quitté la terre
La cloche a sonné l’angélus
La nuit descend avec mystère,
Les cigales ne chantent plus.
Seul, aux doux rayons de la lune
Vincent, le pastour amoureux,
Sous la fenêtre de sa brune
Fredonne un refrain langoureux :
C’est moi, c’est moi,
Celui qui n’adore que toi
 
(refrain)
Ô, Magalie,
Mon bel oiseau joli,
Petite fleur
Au jardin de mon cœur.
Ô, Magalie
Ton charme est infini,
A ton baiser
Je voudrais me griser.
Sois douce à ton ami
Car il mourrait de ton oubli,
Ô, Magalie,
Ô, Magalie.

(2ème couplet)
 Mais une apparition subite
Surgit à travers les carreaux,
Un homme dont l’ombre s’agite
Est là tout contre les rideaux ;
C’est un rival. Ah ! Quelle audace,
Magalie s’approche de lui,
Juste ciel ! Voici qu’ils s’embrassent.
Ah ! Maudite soit cette nuit,
Pourquoi, pourquoi
Faut-il que je n’aime que toi ?

(dernier refrain)
Ô, Magalie,
Mon bel oiseau joli,
Petite fleur
Au jardin de mon cœur.
Ô, Magalie
Hélas tu m’as trahi,
Mon cœur ce soir
Est plein de désespoir.
Ô, Magalie
Pleure sur ton ami
Qui va mourir de ton oubli,
Ô, Magalie.


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Sérénade espagnole

(1er couplet)

Un tendre et charmant boléro
A la fillette de l’alcade
C’était l’aveu de son amour
Que devant la fenêtre close
Répétait jusqu’au point du jour
Cet infortuné virtuose :

(Refrain)
Ecoute bien je veux ton corps
Brune andalouse ! Brune andalouse !
Je te promets mille trésors
Sois mon épouse.
De mon luth entends mes accords
O ma jalouse ! O ma jalouse !
Car pour toi je chante dehors,
Sur la pelouse.

(2ème couplet)
Puis à l’horloge de l’amour
Lorsque sonna l’heure divine,
Pour plaire au charmant troubadour
0 son balcon parut Rosine.
Entre deux longs baisers brûlants,
Qui firent frissonner leurs âmes,
S’enlacèrent les deux amants
Murmurant les yeux pleins de flamme :

(3ème couplet)
Plus rien maintenant qu’un doux bruit
De baisers sous le bosquet sombre
Où enivrent, par cette nuit,
Deux âmes qui ne font qu’une ombre.
En cet instant silencieux,
Où la lune argente Grenade,
On entend monter dans les cieux
Cette amoureuse sérénade :

(4ème couplet)
Trois mois après, belle enfant,
Ses beaux yeux tout remplis de larmes
Attendaient l’infidèle amant
Cause de toutes ses alarmes.
Leurs pauvres amours étaient perdues
Et le donneur de sérénades
Sous le balcon ne chantait plus
Cette mélodieuse aubade :

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Seule par amour

(1er couplet)
Ses longs cheveux au vent
Encadrant son visage
Qui lançait tristement
Ses yeux loin du rivage,
Disant dans sa douleur
A l’aigle, hirondelle
Qui voltigeait vers elle
Regarde, je me meurs.

(refrain)
Au pays de l’ingrat
Va vite je t’implore
Porte-lui mes soupirs
A travers les zéphires,
Alors tu lui diras
Vois ta Jeanne t’adore,
Garde son souvenir
Car tu l’as fait souffrir.

(2ème couplet)
Souvent par un baiser
Que je croyais sincère
Il savait me griser
D’amour et de chimères.
Son culte était ma foi.
L’ingrat dans sa folie
Eloigne pour ma vie
Le vrai bonheur de moi.

(3ème couplet)
Sous la brise du soir,
Froide comme une morte
Criant mon désespoir
Au vaisseau qui l’emporte,
Mon front s’inclinera
Comme une fleur fanée,
Et ma voix désolée
A l’oiseau redira :

(dernier refrain)
Il partit sans regret
Sans verser une larme
En causant à mon cœur
Une atroce douleur.
De son brûlant baiser
Me laissant sous le charme.
Qu’il se souvienne un jour
De mon ardent amour.


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Si j'ai rêvé

(1er couplet)
Vous le savez, je vous adore
Et bien souvent dans mon sommeil
Vous paraissez comme une aurore
Dont les rayons dorent le ciel.
A mon réveil, l’âme ravie,
Je veux revoir avec émoi
L’amour qui règne sur ma vie.
Hélas, vous êtes loin de moi.

(refrain)
Si j’ai rêvé, si ce n’est qu’un beau songe
Tout ce bonheur que mon cœur a trouvé,
Laissez-moi croire à ce beau mensonge
Ne dites pas que j’ai rêvé.   (bis)

(2ème couplet)
J’ai cru vous voir, n’est-ce qu’un rêve ?
Vous effleuriez mon front songeur
D’un doux baiser, extase brève
Dont l’ivresse emplissait mon cœur.
Mais comme un songe au loin s’efface
Perdu dans l’ombre de la nuit,
Quand j’ai voulu chercher sa trace
Votre baiser s’était enfui.

(3ème couplet)
Oh ! Laissez-moi, laissez l’ivresse
Qui m’a donné le frêle espoir,
Et qu’un regard, qu’une caresse
Charment mes rêves chaque soir.
Ayez pitié de mon délire
Vous que j’adore sans retour.
Oh ! Donnez-moi votre sourire
Votre sourire et notre amour.


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Sous la forêt brune

(1er couplet)
Aux accords de ma mandoline
Lorsque je chante pour ton cœur
Une sérénade divine,
L’écho la répète et moqueur,
Le merle joyeux accompagne
Mon pauvre boléro d’amour
Que je voudrais, brune compagne,
Te chanter jusqu’au petit jour.

(refrain)
C’est l’heure de s’enlacer
Au clair de lune.
L’amour qui vient de passer
Cherche fortune,
  Mignonne, dans un baiser.
Au clair de lune.
C’est l’heure de s’enlacer
Sous la forêt brune.

(2ème couplet)
Par la fenêtre, ô mon idole,
Daigne jeter au troubadour
Qui soupire une chanson folle
Un doux mot d’espoir et d’amour.
Ah viens ! Les brises caressantes
Murmurent parmi les roseaux
Dont les tiges toutes tremblantes
Se mirent dans le fond des eaux.

(3ème couplet)
Viens mon amour, tu seras reine
Au royaume de mon bonheur
Et ton âme la souveraine,
La souveraine de mon cœur.
Ah déserte la chambre mauve
Où se meurt le dernier soupir
Sous les bois il est maintes alcôves
Plus douces qu’est doux le zéphire.

(4ème couplet)
Mets ta mantille rose et blanche
Et le petit jupon plissé
Que sur un doux lit de pervenches
Au clair de lune j’ai froissé.
C’est l’heure où l’on se dit je t’aime
Viens, tout frissonne, Il est minuit,
Dans un enlacement suprême
Je chanterais toute la nuit.


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Sous les tilleuls

(1er couplet)
Quand, léger, souffle le zéphire
Dans mon cœur plein d’ivresse,
Sur les ailes du souvenir
S’envole ma jeunesse.
Au pays bleu des lilas et des roses
Où tout est né pour ne jamais mourir,
Sous les tilleuls, ô mes visions roses
Comme autrefois parlez-moi d’avenir.

(refrain)
Comme au temps béni des rêves éphémères
Je veux vider toujours
La coupe des amours.
Vivre c’est aimer, illusions dernière
Du cœur brisé
 Dans les derniers baisers.

(2ème couplet)
Beaux rêves morts avant le temps
Vous n’étiez que mensonge.
Sous les grands tilleuls mes vingt ans
Passèrent comme un songe.
Illusions des amours éternelles
Sous le ciel bleu de l’idéalité
Où mon bonheur, hélas, brûla ses ailes
Au grand flambeau de la réalité.

(3ème couplet)
Quand le printemps revient d’exile
En semant sous les branches
Les perles du mois d’avril
Et des lits de pervenches,
J’aime revoir sur la route fleurie
Mes grands tilleuls par les brises bercés,
C’est mon amour, oui c’est toute ma vie,
Doux souvenirs de mes beaux jours passés.



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Souvenirs charmants

(1er couplet)
L’autre matin, la douce fée
Du pays du soleil,
Passant chez  moi m’a réchauffée
D’un chaud rayon vermeil.
Sa voix est pleine d’harmonies
Et de douces chansons
Que toujours chantent les pinsons
Dans sa belle patrie.

(refrain)
Souvenirs charmants
Sous l’aile d’un rêve,
Vous fuyez sans trêve.
Souvenirs charmants
Emportant bien loin le divin poème,
Qui donc maintenant me dira : Je t’aime, je t’aime ?

 (2ème couplet)
Elle m’a dit : Brune inconnue
Pourquoi toujours des pleurs,
Je vais t’apprendre où va la nue
Aux brillantes couleurs.
Souvenirs du pays des songes
Maintenant je vous hais
Je préfère à tous vos palais
Les amoureux mensonges.

 (3ème couplet)
Là-bas les maisons sont de marbre
Amis et cœurs aussi,
Point de baiser sous le grand arbre,
Mieux vaut ce pays-ci !
Je veux boire de l’ambroisie
A la coupe des dieux
Beau pays reçois mes adieux
J’aime la poésie !

Ambroisie  sens mythologique  : nourriture divine



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La toile d'amour

(1er couplet)
Un potard ayant fait toute sa pharmacie
M’a dit qu’il existait derrière ses bocaux,
Pour les gens sérieux que le code marie,
Des ronds de caoutchouc de genres spéciaux.

(premier refrain)
C’est la toile d’amour,
Toile préservatrice
Qui garde les matrones
Et la nuit et le jour.
Un pharmacien m’a dit qu’il était une toile
Qui préserve toujours.

(2ème couplet)
Là jamais de cold-cream, jamais de vaseline
Les dames pour charmer sans crainte de fl---- ?
Ont pris de ces rouleaux rappelant la crépine
Elles peuvent aimer sans danger ni douleurs.

(3ème couplet)
Dis-moi petite aimée, sans faire de flanelle,*
Nous pourrons nous aimer durant l’éternité.
D’Angleterre nous vient la coiffure nouvelle
Qu’il nous faut pour braver une rotondité.

(dernier refrain)
L’hiver comme l’été,
Avec cette virole,*
On nargue la rougeole
Et ses calamités.
Un pharmacien m’a dit : il faut que cette toile
Soit de première qualité.

Ce dernier couplet est suspect
mais le texte est introuvable.

Voir la chanson "l'étoile d'amour"
dont "la toile d'amour" est une parodie.


*Virole : tube ou réservoir cylindrique

*  "Faire flanelle"  ou "faire de la flanelle"  = ici « s’abstenir »


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Ton cœur a pris mon cœur

(1er couplet)
Un soir sur le chemin,
D’un geste ému tu pris ma main
En me jurant que tu m’aimais
                   Follement et pour jamais. (vers manquant)
Moi j’ai suivi tes pas
Sans dire un mot, même tout bas,
Le silence est plus éloquent
qu’un serment.

(refrain)
Ton cœur a pris mon cœur
En un jour de folie
Et cette heure bénie
Devait remplir ma vie.
Auprès du flot berceur
Qui revient au rivage,
Relisons cette page
Au livre du bonheur.

(2ème couplet)
Hélas ! Depuis ce temps
Il a passé quatre printemps.
Notre amour est un vieil amour
Qui semble fuir à son tour.
Alors pourquoi mentir ?
                        Si rien ne peut le retenir  (vers manquant)
Séparons-nous, cela vaut mieux
Pour tous les deux.

(2ème refrain)
Ton cœur a pris mon cœur
En un jour de folie
Et cette heure bénie
                      Ne remplit plus ma vie(Vers absent ?)
Déjà le flot berceur
Va quitter le rivage,
Détruisons cette page
Au livre du bonheur.

(3ème couplet)
Le flot revient encore
            Tantôt il bruisse, tantôt il dort,  (bruit )
Vivant et mourant tour à tour,
Il évoque notre amour.
Je vais toujours vers toi
Dans un désir plus fort que moi,
Comme la mer vient rechercher

le rocher.

(3ème refrain)
Ton cœur a pris mon cœur
En un jour de folie
Et cette heure bénie
A su remplir ma vie.
Qu’importe la douleur,
Le beau temps ou l’orage,
On ne lit qu’une page
Au livre du bonheur.


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La valse de l'amour

(1er couplet)
Que l'on soit jeune ou même vieux,
L'amour nous met le cœur en fête.
Il nous tourmente de ses feux,
Nous tourne et nous trouble la tête.
C'est que l'amour et le désir
Le plus ardent qui nous étreint.
Mais nous aimons sa douce chaîne
Car c'est la source du plaisir.

(refrain)
L'amour,  l'amour
C'est le plaisir extrême,
C'est le bonheur suprême,
On est heureux qu'en répétant je t'aime
La nuit, le jour,
Enivrons-nous d'amour.

 (2ème couplet)
L'amour chez les petits enfants
Se lit déjà dans leur jeune âme,
Mais dès que l'on compte quinze ans
On en ressent toute la flamme.
Le cœur s'embrase chaque jour,
Le feu grandit, grandit sans cesse,
C'est le plaisir, la douce ivresse,
C'est le bonheur car c'est l'amour.

 (3ème couplet)
Tendres aveux, baisers brûlants,
Serments d'un jour, folles caresses,
C'est ce qu'échangent les amants
Et les époux dans leurs ivresses.
Le cœur bondit, l'âme ravie,
L'amour c'est la félicité,
C'est la coupe de volupté,
Le plus doux rêve de la vie.

 

Suit la mention dans cet ordre:
faite à l'infirmerie du 92ème à Clermont
Mallet Frédéric
Encore 558 jours et la fuite
Puy de Dôme


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Le violon brisé

(1er couplet)
Sur la route poudreuse et blanche
Où nos drapeaux ne passent plus,
Un vieillard va chaque dimanche
Rêver seul aux pays perdus.
Parfois de sa lèvre pâlie,
Monte une plainte vers les cieux.
C’est le regret des jours joyeux
Et c’est l’histoire de sa vie.

(refrain)
Ils ont brisé mon violon
Parce que j’ai l’âme française
Et que sans peur, aux échos du vallon,
J’ai fait chanter la Marseillaise.

(2ème couplet)
J’ai voulu savoir cette histoire,
Il me l’a conté en pleurant,
Gardez-la dans votre mémoire
C’est celle d’un cœur simple et grand.
Un soir, me dit-il, sous les chênes
Je faisais danser les enfants
Quand les ennemis triomphants
Jetèrent l’effroi dans nos plaines.

(3ème couplet)
Tous s’enfuyaient devant les armes
Rouges, hélas, de sang français.
Fou de douleur, cachant mes larmes,
Tout seul vers eux je m’avançai.
Qui donc es-tu toi qui nous braves ?
Firent-ils, en me renversant.
Je suis, dis-je en me redressant
L’ennemi des peuples esclaves.

(4ème couplet)
Tu railles bonhomme ! Et bien joue
Les hymnes chers à notre roi.
                 Alors leurs mains souillèrent ma joue.   (souilla)
Mais la France vivait en moi,
Je jouai de Rouget De Lisle
L’ardente et sublime chanson.
Ils brisèrent mon violon
En voyant leur rage inutile.


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Visite à Ninon

(1er couplet)
Bonsoir Ninon, je viens te voir
En passant comme un camarade
Pour bavarder, fumer, m’assoir,
Sans mots galants,  ni discours fade.
Nous ne dirons rien du passé,
Vois-tu, c’est pour nous lettre morte,
Notre amour est bien effacé
Et le temps tout au loin l’emporte.

(refrain)
Nous nous sommes aimés Ninon,
A la folie,
Mais n’en parlons plus à quoi bon,
Le cœur oublie,
          Tu n’es plus pour moi qu’une amie,  (bis)
Bonsoir Ninon.

(2ème couplet)
Nous eûmes pourtant tous les deux
De douces et bonnes ivresses.
Te souviens-t-il des jours heureux
Où nous nous grisions de caresses.
Tes lèvres étaient c’est certain
Les plus roses qui soient au monde,
Et ta taille souple et bien ronde.
Ici il manque un vers

(3ème couplet)
Ne trouves-tu pas qu’il vaut mieux
N’être plus qu’amis, dis Ninette,
Tiens, tu parfumes tes cheveux
Toujours avec la violette.
Bon, voilà que comme autrefois
J’en fais des nattes que j’emmêle;
Mais tape-moi donc sur les doigts
Qui vont chiffonner ta dentelle.

(4ème couplet)
Pourquoi souriez-vous Ninon ?
Certainement vous êtes belle
Mais renouer, ah ma foi non !
Y songez-vous Mademoiselle ?
De vous, être encore amoureux,
La chose serait trop cocasse !
Donne-moi tes lèvres, tes yeux
Ma Ninon que je les embrasse.

(dernier refrain)
Va, quand on s’est aimé Ninon
A la folie,
Le cœur malgré son abandon
Jamais n’oublie,
          Et dans un baiser il s’écrie  (bis)
Reviens Ninon.


Fin

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